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expertes et légères. Nous aurons à restaurer, à « réadapter » cette Alsace qui nous revient meurtrie, et d’autant plus digne de sollicitude qu’elle est une de ces « éternelles blessées » de l’histoire auxquelles coûte cher l’honneur d’être en avant-garde. Sachant comment elle est devenue française sous l’Ancien Régime, rendons-lui aisé le retour au foyer. Qu’elle se sente chez elle en reprenant sa place parmi nous. C’est d’ailleurs ce que le général Joffre lui a promis dans la visite qu’il lui a faite. Nous n’avons à lui demander aucun sacrifice de sa personnalité provinciale, elle n’en demande aucun à notre unité nationale. Certes l’Alsace, remarque M. Vidal de la Blache, avait déjà le sentiment de son unité, alors même qu’elle était politiquement dispersée en « robustes individualités urbaines, villageoises ou régionales », férues de leur autonomie ; mais elle n’a pleinement joué son rôle et réalisé sa personnalité qu’en retrouvant les autres membres de sa famille française. L’Alsace moderne ne serait pas ce qu’elle est, tout ce qu’elle est, si elle n’était pas l’Alsace française. Elle le sait. Et c’est pourquoi l’attachement de l’Alsace pour la France a, plus que dans toute autre province, quelque chose de l’amour filial qu’on éprouve pour une mère, — la mère patrie.


A. Albert-Petit.