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fabriquer cette variété d’objets de ménage ou de jardinage, que nous appelons « jouets, » parce qu’ils sont petits et destinés à des petits, mais qui exigent presque la même manutention que des objets de grandeur naturelle ; de même, pour toute cette métallurgie en miniature d’autobus ou de bateaux, il faut se souvenir que les prix se comptent ici par centimes, les marchandises par milliers de douzaines et que le même article comporte de très nombreux modèles : au « Jouet de Paris, » 40 types pour les jeux de course ou les seaux, 79 pour les fourneaux, etc.

Resserré par les bornes étroites de la concurrence, l’industriel doit étudier ses prix de revient, pour une locomotive, son tender et deux wagons qui se vendront ensemble quatre sous, avec une minutie égale à celle des ateliers d’où sortent les véritables wagons et les locomotives de 100 000 kilos. Seulement, comme le détail des chiffres afférent à chaque unité devrait se formuler ici en fractions infinitésimales du système métrique, les prix de revient sont établis à la grosse de douze douzaines. Chaque type de locomotive a son tableau où des colonnes distinctes font ressortir, pour la matière et pour la façon : le corps, le fond, la cheminée, la cabine, le coupe-vent, le crochet, le mouvement d’horlogerie, etc. Et ce mouvement d’horlogerie, dont le prix global est seul porté sur cette page, est à son tour décomposé sur une fiche spéciale, où figure séparément chacun de ses détails au nombre de vingt, tels que : pignon, goupille, ressort, montage, etc.

Pour faire ces menus bibelots dont chacun tient si peu de place, il faut une place énorme, à cause de leur accumulation qui, dans cette industrie saisonnière, va grossissant pendant des mois pour s’écouler en quelques semaines. On n’imagine pas, en voyant le petit jouet dans les mains de l’enfant, qu’il ait fallu pour le produire un outillage si lourd, si complexe et si coûteux : la matrice d’un « torpilleur de haute mer » de 35 centimètres de long pèse 250 à 300 kilos ; celle de l’Arc de Triomphe, de dimension analogue, pèse 400 kilos ; un personnel spécial crée les outils nécessaires à la réalisation économique de chaque modèle et met sur pied les machines, poinçons, moutons, calibreuses, découpoirs, conçus en vue d’une certaine sorte de travail à effectuer. Le moindre objet demandé 2 000 ou 3 000 francs d’outillage.

La première opération consiste à imprimer sur les feuilles