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A quelques-uns de ces traits, on sent la joie du véritable artiste, que le passé intéresse plus que le présent, et qui est venu pour goûter le charme de ces grands souvenirs, et aussi celui du pays qui les encadre. Sans doute, Charles Garnier se mêle à la vie quotidienne, en note, comme About, les disparates et les singularités, et l’on retrouve sous sa plume bien des incidens qui font l’agrément de la Grèce contemporaine. Ces constatations d’un témoin oculaire servent même à marquer combien était juste, à son heure, la critique d’About, que d’aucuns voulurent croire seulement fantaisiste et malveillante. On pourrait s’attarder à rapprocher l’opinion des deux jeunes gens et montrer que la sincérité de leur jugement est modifiée uniquement par la variété de leur tournure d’esprit. Ce serait à coup sûr un rapprochement attrayant, où Garnier se montrerait à son avantage sous bien des égards, plus sensible que son compagnon, et non moins vif ou non moins pittoresque. Nous préférons recueillir ici, de la plume de Garnier, quelques détails nouveaux sur son excursion à Egine avec About et sur la manière dont elle se poursuivit. Partis pour Egine le 2 avril 1852, sur un petit bateau ponté, les deux amis y débarquaient le soir du même jour, après une traversée de plusieurs heures, mouvementée et glaciale.


PAUL BONNEFON.