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son nom ? Son article : Du rôle catholique de la France dans le monde, est excellent. Il énumère (et un missionnaire les connaît bien) les noms de saints et de martyrs nés en France depuis cent ans. Quel peuple a fait plus d’efforts que le nôtre pour répandre dans la Chine, dans l’Afrique, dans les îles sauvages de l’Océanie, les bienfaits de la foi chrétienne ? L’œuvre de la Propagation de la Foi a été créée en 1822, à Lyon, et a été bientôt installée dans tous les diocèses. Depuis lors, elle a reçu du monde catholique 417 463 000 francs, sur lesquels 255 188 000 francs ont été fournis par la France. Il pourrait citer bien d’autres œuvres : au premier rang, les Ecoles d’Orient, que le récent rapport de M. Maurice Pernot fait si bien connaître, et auxquelles nos gouvernemens successifs ont toujours accordé leur protection et leur subvention.

Faisons maintenant une excursion dans l’autre camp. Le bel article de M. Goyau, intitulé : La culture allemande et le catholicisme, montre clairement comment la première est l’ennemie du second. « Avec l’appui officieux des pouvoirs allemands et de l’or allemand, écrit M. Goyau, descendirent en pays tchèques et Slovènes et dans l’Autriche allemande d’entreprenans messagers qui prêchaient aux populations la séparation d’avec Rome, Los von Rom. »

Ce fut là, pendant quelques années, un cri de ralliement pan-germaniste. Le protestantisme a été créé à l’usage des princes allemands, qui voulaient régner à la fois sur les intérêts matériels et sur la conscience de leurs sujets. Treitschke, Sybel, ont déclaré l’État prussien solidaire de l’Église protestante, et Guillaume II, suivant M. Goyau, se croit le pape de la Réforme.

Il prétend même réunir tous les pouvoirs dans la même main : et c’est ce que les plus ardens défenseurs du pouvoir pontifical n’ont jamais revendiqué pour le Pape. Lisez le cardinal Bellarmin : De potestate summi pontificis in rebus temporalibus ; et vous verrez qu’il a été donné au Pape, sur l’Eglise, un pouvoir direct ; mais que son pouvoir sur les affaires de ce monde est seulement indirect ; c’est-à-dire réduit au droit de donner des conseils, au nom de l’éternelle justice, quand, il plaît aux hommes d’en appeler à son autorité.

Lisez en revanche Hobbes (A Christian Common Wealth, ch. XLII). Vous verrez que ce devancier de Treitschke et de