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ne dîne pas chez Mgr l’Evêque, et pratique plus consciencieusement la candidature officielle. Et le député radical-socialiste lui-même n’est, fort souvent, qu’un bonapartiste, en mauvais termes avec son curé. C’est enfler et fausser le sens des mots que d’appeler ou 1830, ou le 4 Septembre des révolutions.

Cette attitude politique a produit de mauvais résultats : cela est trop certain. Le Concordat a été, fort inconsidérément, rompu : il est vrai qu’un autre Concordat, — en vain recommandé par ceux qu’on a appelés cardinaux verts, — était tout prêt. Il eût été probablement agréé, si nous avions eu des relations avec Rome : ces relations, dont tous nos hommes d’État reconnaissent la nécessité, et que l’attitude prise devant les électeurs empêche de rétablir, même en un pareil moment ! Toute l’Europe est représentée auprès du Pape, excepté nous : — abstention absurde, chacun le sait, et personne n’ose le dire.

Une autre conséquence fâcheuse a été la fermeture de milliers d’écoles excellentes. « Laissons à tout Français le droit d’enseigner, déclare libéralement M. Buisson dans une lettre à M. Aulard, — sans autre réserve que d’enseigner au grand jour dans une maison de verre, toujours ouverte à l’œil de la nation ! »

À moins cependant que l’œil de la nation n’aperçoive un rabat ou une cornette. — « On a suspendu Michelet, s’écrie M. Buisson dans la même lettre, destitué Quinet, poursuivi Proudhon, exclu Deschanel (le père). » Il oublie qu’il a destitué, poursuivi, exclu des milliers de maîtres, appartenant, il est vrai, à une moins haute aristocratie enseignante, mais aussi respectables.

Ces hauts faits ont pu nous nuire dans le monde. Les étrangers ne sont pas tenus de savoir à quel point il est vrai que personne ne réclamait, en France, ces exécutions. Ce sont là les hasards de la politique, les surprises qui surviennent à la suite de campagnes électorales menées au milieu de l’inattention et de l’indifférence. Mais quelle erreur on commettrait si l’on pensait voir dans ces fâcheux effets de l’attitude anticléricale l’expression des sentimens profonds de la France ! Autant vaudrait, en ces jours de pure gloire pour l’armée française, citer, comme son plus beau titre, le siège récent de la cathédrale de Valence !

Je voudrais donc aller chercher ces catholiques des pays