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REVUE MUSICALE

LA CORRESPONDANCE DE VERDI


I Copialettere di Giuseppe Verdi, pubblicati e illustrati da Gaetano Cesari e Alessandro Luzio e con prefazione di Michèle Scherillo.
A cura della commissione esecutiva per le onoranze a Giuseppe Verdi nel primo centenario della nascita. — Milano, 10 ottobre 1913.


Publication authentique, officielle, cette correspondance remplit un très fort volume, de quelque huit cents pages. Elle constitue un hommage national à la mémoire du grand artiste, et de l’homme, aussi grand que l’artiste, que fut le musicien de Rigoletto, du Trovatore et de la Traviata, de Don Carlos et d’Aida, de la Messe funèbre pour Manzoni, d’Otello et de Falstaff. Pour éclatante qu’elle soit, une telle façon d’honorer le maître eût-elle été de son goût ? Il est permis d’en douter. A propos de certaines lettres de Bellini, qui venaient de paraître, Verdi écrivait, le 18 octobre 1880 : « Quel besoin a-t-on d’aller mettre au jour les lettres d’un compositeur ! Lettres toujours écrites à la hâte, sans soin, sans y attacher d’importance, le musicien sachant fort bien qu’il n’a point à soutenir une réputation de littérateur. Ne suffit-il pas qu’on siffle ses notes ? Non, monsieur. Ses lettres aussi. Ah ! c’est un grand ennui que la célébrité. Pauvres petits grands hommes célèbres, ils paient cher la popularité. Pour eux, jamais une heure de paix, ni dans la vie, ni dans la mort. »

L’ombre du maître, ou son âme, doit être rassurée aujourd’hui. La publication des lettres de Verdi ne saurait troubler la paix de sa tombe. Aussi bien, nous avons quelque raison de croire qu’il ne les tenait pas lui-même, ces lettres, pour tout à