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EN EXTRÊME-ORIENT




II[1]

LES ÉTAPES DU RETOUR




Le Katori Maru était plein d’Américains et d’Allemands qui allaient à Shanghaï et d’Anglais qui retournaient en Angleterre. Pendant les deux jours de traversée, la télégraphie sans fil ne cessa point de sonner ; mais ceux qui interrogèrent le commandant, un petit homme encore jeune aux yeux tristes et aux moustaches tombantes, n’obtinrent de lui que des : « Il n’y a rien. Je ne sais rien. » À quoi bon l’interroger ? Dès qu’on les questionne, les Japonais officiels sont les gens les plus secrets du monde. Leur circonspection cache tout, peut-être par le même manque de perspective qui fait que leur peinture met tout au premier plan. Pendant que j’étais en Corée, deux Français, descendus de la mine d’or qu’ils avaient quittée le 3 août, arrivent, le soir, après quarante-huit heures d’un dur voyage, à une petite gare, où ils devaient prendre le train de Séoul. Inquiets des derniers bruits, ils demandent au Directeur de la Poste s’il y a du nouveau. « Oh ! leur répond-il, c’est toujours les histoires d’Autriche et de Serbie. » Il savait, depuis l’avant-veille, que la guerre était déclarée entre la France et l’Allemagne ; mais il ne voulait pas se compromettre. Le comman-

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1914.