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détruits, fort probablement. En tout cas le péril immédiat est écarté. » Assurément le commandant de ce navire se sentirait soulagé d’un grand poids. Autant qu’on peut l’avoir en temps de guerre, il aurait le sentiment de la sécurité.

On voit où je veux en venir : ce n’est pas seulement au Zeppelin lui-même qu’il faut s’attaquer et au moment où il nous menace ; c’est aussi à sa base d’opération et au moment où il repose dans son hangar.

Examinons cela.

L’idée, tout d’abord, n’a rien de nouveau. Bien mieux, elle a déjà été appliquée. Qu’on se rappelle, entre autres, les attaques d’avions à Düsseldorf et à Friedrich’s haven du lac de Constance, la base essentielle, fondamentale, l’usine mère des dirigeables allemands, des vrais Zeppelins. Comment se fait-il donc que le résultat final de ces opérations ait été si faible et qu’en dépit des avaries que les hardis pilotes avaient fait subir aux hangars, aux ateliers, aux ballons, peut-être, ceux-ci nous apparaissent aujourd’hui en pleine activité ?


Mais comment, dans l’espèce, donner à l’opération dont il s’agit ce double caractère de l’intensité, — intensité du feu, ou plutôt du jet des bombes, — et de la continuité ? Autant cela devient facile lorsqu’on a pu amener devant une place forte un parc de siège complet, largement approvisionné, et que de puissantes batteries, bien abritées, ont été disposées aux bons endroits, autant il semble que ce soit difficile avec les engins si spéciaux, à l’action si rapide, si soudaine, mais si fugitive aussi et encore si malaisée à régler, dont dispose aujourd’hui la guerre aérienne.

Certes, il ne peut être question d’une assimilation complète des procédés de deux méthodes de guerre si différentes. Mais aussi un établissement de dirigeables, — parcs, hangars, tournans ou non, usines, magasins, ballons enfin, — n’est point du tout une place forte. Il n’en a ni l’étendue, ni la variété dans