Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 25.djvu/691

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
POÉSIES


LE POÈME D’AUTOMNE


Octobre, roi des mois et prince des féeries,
Vient répandre en tous lieux à flots ses pierreries.

Il descend sur la terre en traînant après lui,
Comme un pourpoint royal qui fascine et reluit,
Son manteau chamarré de mille feuilles mortes
Et paré de dessins des plus étranges sortes.
Il chemine sans bruit sur l’herbe des sentiers.
Dérobe digitale et fougère aux halliers,
Trace sur le gazon maint bizarre méandre
A l’aide du colchique et de fleurs mauve tendre.
Il frappe les rameaux de sa baguette d’or
Et fait de la Nature un éclatant décor.

Sa présence partout se devine et s’impose :
Sur la grève il se mêle au coquillage rose ;
Colore l’arbousier et le chêne marin ;
Jette au ruisseau la sorbe, et diapré le terrain.
Parmi les rochers gris où le vent se balance
Il se pose un instant, puis, épris de silence,
Vole aux coteaux boisés, hante monts et guérets,
Va sonner l’hallali dans les hautes forêts
Où la biche aux aguets surveille sa venue.
On le voit tout à coup au bout de l’avenue,