Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 25.djvu/683

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une ardeur extrême, à en déduire la Physique des électrons.

Cette Physique reposait ainsi tout entière sur une simple généralisation des équations de Maxwell. C’était bâtir sur une poutre qu’on savait vermoulue, et donc rendre caduc tout le monument. Portant en elles-mêmes une contradiction formelle avec la simple existence des aimans, les équations de Maxwell n’avaient pas été guéries de ce vice lorsqu’on y avait introduit le courant de convection. L’Electrodynamique nouvelle se présentait, de prime abord, comme l’ensemble des corollaires d’un postulat inadmissible.

Cette théorie, viciée dans les hypothèses mêmes qui la portent, n’hésita pas, cependant, à se poser en critique et en réformatrice des doctrines regardées jusqu’alors comme les plus solides. La Mécanique rationnelle, cette sœur aînée des théories physiques, que toutes les doctrines plus jeunes avaient, jusqu’alors, prise pour guide, dont elles s’étaient même efforcées, bien souvent, de tirer tous leurs principes ; la Mécanique rationnelle, disons-nous, se vit, par la nouvelle venue, ébranlée jusque dans ses fondemens ; au nom de la Physique des électrons, on proposa de renoncer au principe d’inertie, de transformer entièrement la notion de masse ; il le fallait pour que la doctrine nouvelle ne fût pas contredite par les faits. Pas un instant, on ne s’est demandé si cette contradiction, au lieu d’exiger le bouleversement de la Mécanique, ne signalait pas l’inexactitude des hypothèses sur lesquelles repose la théorie électronique et ne marquait pas la nécessité de les remplacer ou de les modifier. Ces hypothèses, l’esprit géométrique les avait posées à titre de postulats ; il en déroulait les conséquences avec une imperturbable assurance, triomphant des ruines mêmes qu’amoncelait, parmi les doctrines anciennement établies, le passage de la théorie conquérante. Guidé, cependant, par l’expérience du passé, instruit par l’histoire des grands progrès scientifiques, l’esprit de finesse, en cette marche dévastatrice, soupçonnait une mauvaise marque de vérité.

D’ailleurs, par cette inconséquence à laquelle se voit si souvent condamnée une raison dépourvue de finesse, les tenans de la Physique électronique ne se faisaient pas faute d’user, dans la pratique, et lorsqu’ils ne déroulaient pas les conséquences de leur doctrine préférée, des théories mêmes que cette doctrine condamnait ! leurs déductions exigeaient qu’on rejetât