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les fondemens de la théorie n’ont pas été, par l’esprit de finesse, extraits des entrailles de la réalité, si ce sont postulats algébriques que l’esprit de géométrie a posés d’une manière arbitraire, entre les conséquences de la théorie et les résultats de l’expérience il n’y aura plus de contact naturel ; les déductions, d’une part, les observations, d’autre part, se développeront dans deux domaines séparés ; si, de l’un à l’autre, on établit quelque passage, ce sera d’une manière artificielle ; la légitimité de ces transitions ne se pourra plus justifier, dès là qu’on a privé de toute justification les principes mêmes de la théorie. Ainsi verra-t-on appliquer les corollaires d’une déduction à des objets que les axiomes mêmes de cette déduction déclaraient inexistans.


IX

L’étude de divers effets électriques a conduit à supposer, puis, semble-t-il, à constater, au sein des gaz, l’existence de très petits corps électrisés, animés d’un mouvement rapide, qui ont reçu le nom d’électrons. En déplaçant vivement dans l’espace la charge électrique qu’il porte, un électron agit à la manière d’un courant électrique lancé dans un corps conducteur ; l’étude de ces courans est un nouveau chapitre de l’Electrodynamique ; ce chapitre, il s’agit de l’écrire.

Pour composer l’Electrodynamique de l’électron, on eût pu et dû, semble-t-il, imiter la méthode prudente par laquelle Ampère, W. Weber, Franz Neumann avaient composé l’Electrodynamique du corps conducteur ; mais cette méthode requérait des expériences délicates, des intuitions pénétrantes, des discussions ardues dont les travaux de W. Weber, de Bernhard Riemann, de Clausius donnaient un premier aperçu ; elle réclamait beaucoup d’ingéniosité et beaucoup de temps. L’Algébrisme trouva moyen de procéder avec moins de peine et plus de hâte. L’intensité des courans précédemment connus figurait dans les Equations de Maxwell ; qu’on y ajoutât purement et simplement l’intensité du courant de confection dû au mouvement des électrons, sans changer d’autre manière la forme des équations, et l’on tiendrait le postulat fondamental de la nouvelle Electrodynamique. Aussitôt qu’un physicien hollandais, M. Lorentz, eut proposé cette hypothèse, les savans allemands se mirent, avec