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assurément un beau résultat ; mais, en admettant même, comme l’annoncent les Allemands, qu’il leur reste encore 2 milliards d’or disponibles entre les mains des particuliers, rien ne prouve qu’on arrivera a les leur faire livrer et, plus le change deviendra défavorable, plus on sera forcé d’exporter de l’or pour maintenir les cours. La guerre coûte à l’Allemagne de 40 à 50 millions par jour. Pour la continuer seulement jusqu’au début de novembre, il lui faudra augmenter sa dette de 17 milliards, dont une partie devra passer à l’étranger. L’Autriche, qui a dû dépenser 7 milliards et demi dans les six premiers mois de guerre, en aurait encore 12 et demi à fournir pour atteindre la même date. Cette question, que nous nous bornons à rappeler, fera sentir son contre-coup pour toutes les substances auxquelles est consacrée notre étude ; car la disette d’or rendra de plus en plus difficile le paiement, toujours coûteux, des complicités nécessaires.

Après les métaux, nous ne continuerons pas, pour les autres substances minérales, une énumération qui deviendrait vite fastidieuse. Nous nous bornerons à en citer deux, dont la plus importante est le pétrole avec ses dérivés, l’essence, le benzol, etc. et l’autre le nitrate. Les Allemands ont des besoins considérables de carburans liquides. Il leur en faut pour leurs automobiles dont ils ont développé l’emploi sur un pied extraordinaire. Les 200 000 automobiles de guerre que l’on attribue aux Austro-Allemands doivent consommer en moyenne chacune 20 litres d’essence par jour, soit, au total, 4 000 000 de litres : 750 000 barils ou 100 000 tonnes par mois. Les sous-marins en absorbent également. Mais il en faut surtout, et de qualité tout à fait supérieure, pour les zeppelins et les aéroplanes, où la moindre défectuosité du carburant peut entraîner des cata- strophes. Ne parlons pas ici de l’éclairage. Si l’on manque de pétrole lampant, ce sera un embarras, mais non un désastre. Au besoin, on le remplacera par de l’acétylène, du gaz ou, plus simplement, par de la bougie. Il n’en reste pas moins à prévoir une très forte consommation pour les machines motrices.

Dans le cas spécial, si important, des automobiles, on a la possibilité d’utiliser trois carburans qui sont, par ordre de