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Quels moyens les Allemands possèdent-ils pour se procurer cette grosse quantité de métal ? Il ne faut pas compter sur les 40 000 tonnes de cuivre brut que fournissent en temps de paix les usines allemandes ; car une bonne partie provient de minerais importés, qui n’arrivent plus à Rotterdam ou à Hambourg. Ce qui est extrait des mines allemandes, et spécialement du Mansfeld, ne dépasse pas 25 000 tonnes. Supposons, quoiqu’on ait annoncé le contraire, que les difficultés de main-d’œuvre n’aient pas fait restreindre cette production ; l’Allemagne doit, pour le reste, puiser dans les stocks ou recourir à la contrebande. Les stocks visibles du commerce allemand, qui figurent régulièrement dans les tableaux d’Henry Merton ou de la Metallgesellschaft sont très faibles et tendaient à faiblir dans ces dernières années. L’Allemagne n’y figurait plus que pour 5 400 tonnes au 1er juillet 1913 (sur 67 000 pour l’Europe) contre 12 000 au 1er janvier 1911. Au mois de septembre, l’État allemand a réquisitionné les stocks à Hambourg, en même temps que le gouvernement britannique mettait la main sur ceux de Rotterdam, Il faut ajouter les provisions qu’avaient dû rassembler avant la guerre tant le gouvernement lui-même que les grandes sociétés industrielles comme l’Allgemeine Elektrizitäts Gesellschaft, ou les vols pratiqués dans les pays envahis. Il faut surtout faire intervenir ce que nous avons appelé les stocks invisibles. Ceux-ci sont certainement considérables. Une partie des 190 000 tonnes absorbées par le pays dans ces dernières années pourrait être, à la rigueur, recouvrée, mais au prix de quelle complète désorganisation ! Devant une information des journaux annonçant qu’on avait commencé à démonter des lignes téléphoniques, nous avons eu la curiosité de calculer ce que pouvaient contenir de cuivre les réseaux téléphoniques urbains et interurbains de l’Empire allemand avec les grandes transmissions de forces : nous sommes arrivé à plus de 200 000 tonnes, soit l’alimentation d’une année. Il a été beaucoup plus simple d’acheter du cuivre américain ou espagnol par l’intermédiaire des Norvégiens d’abord, puis des Italiens, et nous avons donné, à cet égard, des chiffres parlans. C’est un des points sur lesquels la surveillance porte aujourd’hui le plus sérieusement et le plus efficacement, sauf à susciter un mécontentement incontestable dans les États du Far-West, en Montana, dans l’Utah ou en Arizona. On a déjà atteint un résultat, puisque le prix maximum