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consomme dix cartouches par jour et par homme : cela fait, pour les 3 millions d’hommes engagés sur les deux fronts allemands, 300 tonnes de laiton, ou 200 tonnes de cuivre par jour. Il faut ajouter la consommation de cuivre pour les obus. L’obus allemand n’a pas la fusée en cuivre du nôtre ; mais il possède également une ceinture de cuivre rouge destinée à s’engager dans les rayures pour donner le mouvement de rotation au projectile et une douille de laiton qui permet de charger un canon comme un fusil avec une seule cartouche renfermant charge, bourre et obus. La ceinture du 77 pèse 300 grammes et la douille 700. La douille du 105 pèse 4 500 grammes en moyenne ; celle du 210, environ 11 kilogrammes. Nous resterons dans les mêmes limites d’approximation que précédemment en admettant, sur les deux fronts allemands, 200 000 obus par jour représentant environ 200 tonnes de cuivre [1]. On recueille les douilles d’obus avec plus de facilité que les douilles de fusil, en raison de leurs dimensions et de leur accumulation sur quelques points plus restreints <<ref> Les Allemands établissent de grands parcs à munitions, où sont entreposés des paniers pour recueillir, soit les douilles vides, soit les munitions ennemies qui peuvent être abandonnées dans un mouvement de recul. Une prime est accordée par douille ramassée. Néanmoins, d’après des chiffres moyens, on ne doit pas recueillir plus de 10 à 15 pour 100 des douilles d’obus consommées. </ef>. Mais le travail de la douille amène des pertes de métal qui font, dans quelque mesure, compensation. Si la consommation journalière de cuivre pour les cartouches et les obus était bien de 400 tonnes, cela représenterait 12 000 tonnes par mois ou, en chiffres ronds, 150 000 tonnes par an. Mettons qu’il y ait exagération dans nos calculs. Mais la guerre consomme, en outre, du cuivre sous bien d’autres formes, ne fût-ce qu’en installations provisoires de fils téléphoniques. La marine en absorbe également, quoique en proportions inférieures à ce qu’on croit souvent (500 tonnes pour un dreadnought). On est donc fondé à admettre que, malgré la réduction subie par toutes les industries nationales, la consommation du pays a dû plutôt augmenter par l’effet de la guerre que diminuer. Or, l’Allemagne, en 1913, a consommé pour elle-même (non compris le cuivre réexporté après élaboration) 190 000 tonnes.

  1. Dans une période particulièrement active comme celle du 20 août au 20 septembre, les Allemands ont dû lancer plus de 5 000 obus par jour et par corps d’armée. On prévoit souvent 300 obus par canon et par jour de combat.