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question du pétrole lampant employé à l’éclairage. Le même problème posé pour les céréales se compliquait d’un ancien traité, par lequel la Roumanie s’était engagée à expédier des grains à l’Autriche, celle-ci la fournissant d’armes en échange. Ce traité a continué à être appliqué jusqu’à la mort du roi Charles Ier. Depuis le nouveau règne, les Autrichiens l’ont rompu eux-mêmes, en fournissant aux Roumains des fusils inutilisables, et le mouvement actuel, qui emporte la Roumanie vers les alliés, a rendu cette rupture irrémédiable. Mais, encore au mois de novembre, l’Allemagne recevait de Roumanie, comme de Bulgarie et d’Italie, des quantités importantes de céréales.

Cette interdiction d’exporter, qui s’est ainsi généralisée, n’a pas toujours suffi. Il a fallu arriver à une troisième phase, qui n’est pas encore complètement organisée, et remédier en outre aux inconvéniens que présente le transit. Théoriquement, ces inconvéniens ne devraient exister que pour les substances dont l’exportation est permise dans un pays, défendue dans un autre. Puisque les navires sont visités et contrôlés avant d’entrer en Italie, puisque l’Italie, comme la Suisse, a interdit l’exportation de la contrebande de guerre à destination de l’Allemagne, peu importe, ce semble, que des wagons plombés traversent l’Italie ou la Suisse, allant en Autriche ou en Allemagne. Ils ne doivent contenir que des marchandises licites. Si d’outre-mer ces expéditions sont arrivées à Gênes, c’est que les navires anglais et français n’y ont rien trouvé à redire. Si l’Italie, ayant reçu ces produits par une voie quelconque ou les ayant tirés de son propre sol, les expédie en Suisse, c’est qu’elle les considère comme admis à l’exportation par les règlemens. Mais voici, à titre d’exemple, deux des artifices auxquels il est arrivé d’avoir recours. D’Amérique ou d’Espagne, on expédiait à un commerçant de Gênes ou de Naples des bateaux chargés de marchandises prohibées. Quand, par hasard, ces bateaux étaient visités en route, on trouvait leurs papiers en règle, désignant les marchandises comme expédiées à un Italien ; on était donc forcé de les laisser passer. Après quoi, lorsque le paquebot approchait de terre, il recevait un radiotélégramme lui annonçant que ledit commerçant génois ou napolitain venait de vendre sa marchandise à M. X... de Munich ou de Trieste. Une fois le navire entré au port, le contenu était considéré comme matière de transit, et, le transit étant libre, on l’expédiait par les voies