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en Italie montaient, depuis le début de la guerre, à 16 335 tonnes contre 6 840 pour la période correspondante de 1913. Ce supplément, qui arrive, pour l’ensemble des pays neutres, à quintupler le chiffre de l’année précédente, n’a pas apparemment été employé tout entier à préparer la mobilisation de ces pays ni à y fabriquer des garnitures de lampes et des fils électriques. Et cette juste suspicion se trouve confirmée, quand on voit le sénateur Walsh, représentant du grand Etat producteur de cuivre aux États-Unis, le Montana, se plaindre qu’au même moment les Anglais aient saisi et retenu 31 navires portant 19 350 tonnes de cuivre. Si le procédé employé par les autorités britanniques a été ou non justifié en droit, c’est affaire de libre discussion entre les deux gouvernemens devant un tribunal d’arbitrage. Mais, en fait, cette réclamation démontre bien toute l’étendue du commerce destiné à favoriser nos ennemis.

Plus généralement, considérons les exportations des Etats-Unis dans les Etats scandinaves et l’Italie au mois de novembre 1914. Nous trouvons : dans les États Scandinaves, 63 000 000 de francs contre 7 000 000 de francs en novembre 1913 ; en Italie, 25 000 000 contre 15 000 000. Au total, c’est exactement le quadruple : 88 millions contre 22. Sans doute, il entre, dans ces chiffres, certaines marchandises qui, autrefois, arrivaient aux Scandinaves par l’Allemagne, tandis qu’elles leur viennent directement. Il n’est pourtant pas douteux que la grande majorité de l’excédent soit à destination de l’Allemagne.

D’autres preuves sont fournies par l’activité même qui régnait en octobre et novembre dans les ports de la mer du Nord, du Cattégat, de la Baltique, ainsi que par les annonces continuelles insérées dans les journaux suédois pour demander, par cargaisons entières avec livraison immédiate et paiement comptant, des bateaux de pyrite, ou de minerais divers.

Enfin cet état de choses fâcheux se trouve encore confirmé indirectement par le cours des changes à Londres, où se sont soldées les importantes opérations financières réalisées par les Allemands, soit pour acheter des matières premières aux Etats-Unis par l’intermédiaire de la Scandinavie et de la Hollande, soit pour encaisser des coupons et vendre des valeurs à New-York, toujours par la même voie. Les changes montrent très nettement que la Scandinavie a de gros paiemens à faire aux États-Unis par Londres, pour compte allemand, et que l’Allemagne