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Les ressources en métaux ou en matières minérales, au moyen desquelles on subvient et on subviendra aux besoins de l’armée, comportent des réflexions plus longues. Parmi ces ressources, les premières à considérer sont celles que l’Allemagne possède sur son propre sol et qu’elle gardera la faculté d’extraire dans ses carrières et ses mines. Les industries minières ou métallurgiques peuvent se trouver momentanément arrêtées ou réduites par la mobilisation d’une partie de leur personnel ; mais, le jour où ces industries deviennent indispensables à la vie même de la nation, on est toujours en mesure de leur restituer des ouvriers. On doit donc admettre que la production nationale se maintiendra, si on en a besoin, à son taux de paix. Il ne sera généralement pas facile de l’augmenter, du moins dans des proportions appréciables ; car, la transmutation des élémens n’étant pas encore résolue, on ne peut, en fait de métaux, créer ou produire par synthèse ce qui n’existe pas. Il est toutefois des minerais pauvres qui restaient inutilisables parce que l’extraction du métal correspondant eût entraîné des frais supérieurs au prix de vente et qui, à l’occasion, fourniront un appoint. Mais on ne saurait guère compter, pour une grosse production, sur ces minerais à basse teneur : d’abord, parce qu’en raison même de leur pauvreté, ils donnent des quantités particulièrement restreintes du métal désiré ; ensuite, parce que des galeries et des chantiers de mines métalliques ne s’improvisent pas du jour au lendemain, même en employant les procédés les plus perfectionnés.

A la production courante, il faut ajouter les stocks intérieurs visibles et invisibles et les apports de l’étranger. Les stocks commerciaux comportent souvent un mois ou deux de consommation. L’Etat allemand qui, depuis longtemps, voulait et préparait la guerre, en a certainement accumulé de plus considérables. Cependant, s’il a gardé jusqu’au bout, comme il semble, des illusions sur l’attitude réelle de l’Angleterre, il n’a pas dû se mettre en mesure pour parer à un blocus d’une année. Nous avons mentionné les stocks invisibles. Il faut entendre par là, dans le cas de métaux comme le cuivre, le plomb, le nickel, qui peuvent être aisément refondus après usage, tous les objets disséminés chez les particuliers et que fait réapparaître au jour une hausse un peu accentuée, sans parler même des mesures législatives, auxquelles l’Allemagne a