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L’ALLEMAGNE
MANQUERA-T-ELLE DE MUNITIONS ?

Devant une guerre de siège qui immobilise depuis tant de mois face à face des armées presque égales en nombre comme en courage, les pessimistes se sont demandé si la solution pourrait jamais résulter d’un bel assaut victorieux à la française et s’il ne faudrait pas attendre notre succès final, assuré pour tous, d’un épuisement qui, peu à peu, paralyserait l’adversaire. Le blocus économique de l’Allemagne a déjà été étudié ici par M. d’Avenel avec sa haute compétence, et nous ne reviendrions pas sur la question s’il n’y avait lieu, suivant nous, d’attacher une importance toute spéciale à un point qui peut d’abord sembler secondaire. Avant que l’Allemagne soit réduite à mourir de faim, nous croyons qu’elle manquera de munitions, faute de certaines substances indispensables à la guerre, substances pour la plupart de nature minérale, et nous ne serions pas surpris si cette disette menaçante exerçait déjà, dans un avenir assez prochain, une influence notable sur la marche des hostilités. On ne saurait, dès lors, trop attirer l’attention sur la nécessité de rendre le blocus effectif en ce qui concerne au moins ces matières premières étudiées plus loin : ce qui, pour certaines d’entre elles, semble, nous allons le voir, relativement facile. Les armées actuelles font des consommations de matériel et de munitions supérieures à toutes les prévisions et, plus d’une fois déjà, il est arrivé, soit en Belgique, soit en Serbie, soit ailleurs, que l’un ou l’autre des combattans ait dû s’arrêter essoufflé, interrompre la bataille ou même