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sociétés de Berlin ou de Hambourg fondent des écoles, des asiles, et alors se produisent mille petits incidens, dont l’un, pris au hasard dans un grand journal de Trieste, suffira à donner l’exemple :

« Nous avons annoncé en son temps l’établissement imminent d’un asile allemand à San Sebastiano de Folgoria. Afin d’écarter cette menace, le curé de l’endroit, don Giovanni Cosser, a commencé à recueillir les souscriptions pour la construction d’un asile italien. Il est arrivé que la noble idée du digne prêtre — (le Piccolo ne s’exprimerait pas ainsi s’il s’agissait de certains religieux croates !) — a trouvé des ennemis dans quelques renégats de l’endroit, vendus aux pangermanistes de Botzen et d’Innspruck, lesquels se sont livrés à de violentes manifestations aux cris de : « A bas les prêtres ! Mort aux Italiens ! A bas la Ligue nationale ! »

La rivalité entre les deux nationalités est si ardente dans le Tyrol que les incidens se succèdent pour ainsi dire quotidiennement : arrestations ou destitutions de fonctionnaires trop favorables à la cause italienne, grèves générales pour des prétextes politiques à Trente et à Rovereto, défense signifiée aux habitans du Trentin de se rendre à des fêtes à Brescia, etc. L’année dernière, le Corriere della Sera, dont on connaît cependant la modération, fut interdit dans le Trentin pour avoir publié une enquête sur la situation des Italiens dans les provinces de l’Autriche.

A Trieste, la lutte pour la défense de l’ « italianité » revêt le même caractère qu’à Trente. Comme les habitans du Trentin réclamaient leur autonomie, les Triestins exigent le maintien, sinon l’extension de leurs libertés municipales. Pour donner une idée de la nature, — et de la forme, — de leurs revendications, il suffira de citer les deux principaux épisodes où, en 1906 et en 1913, elles ont trouvé l’occasion de se manifester.

En 1906, un rescrit du gouvernement impérial ayant enlevé à la municipalité de Trieste, pour les remettre à l’administration autrichienne, les attribution ? qui lui avaient été conférées par le Statut civique de 1850 (préparation des listes électorales, surveillance des écoles, etc.), ces mesures eurent leur écho à la Chambre de Vienne. (Séance du 13 février 1906.) Voici comment le député Pitacco les commenta :

« Les causes qui ont déterminé la dernière décision du gouvernement