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ses mains une masse de manœuvre prête à se porter rapidement sur le point menacé. Par cette ingénieuse répartition de ses forces, le général Khün se trouvait en mesure d’opposer des effectifs suffisans aux Garibaldiens, partout où ils se présenteraient. En effet, ces derniers furent repoussés le 3 juillet à Monte-Suello et à Vezza, puis défaits de nouveau à Cimengo et à Condino (19 juillet) quand ils tentèrent de reprendre l’offensive. Le combat contesté de Bezzeca (21 juillet) n’apporta aucun résultat décisif. Désireux de contraindre l’Autriche à céder le Trentin et même la Côte Adriatique, l’Istrie au moins, le gouvernement italien se décidait à poursuivre en même temps les opérations sur mer. On sait qu’elles non plus ne furent pas heureuses.

Cependant, même après Sadowa, le Cabinet de Berlin, qui n’était pas encore assuré de la paix et se sentait sous la menace possible de complications européennes, se gardait bien de décourager son allié ; l’agent de la Prusse, Usedom, lui faisait savoir le 20 juillet : «... Si l’Italie résiste à la pression de la France (en faveur de la paix), je suis, par mon gouvernement, autorisé confidentiellement et de façon précise à lui assurer : 1"... 2° la Prusse soutiendra fermement l’Italie ; si la guerre continue, elle appuiera sa revendication du Tyrol du Sud. »

Enhardi par ces assurances, Visconti-Venosta déclarait au prince Napoléon « que la perspective d’une paix ou même d’un armistice, sans que la possession du Trentin fût assurée à l’Italie, était impossible. » Une nouvelle armée, commandée par le général Medici, s’avançait vers Trente, tandis que le corps de Cialdini devait, par Trieste, marcher sur Vienne. On s’abandonnait ainsi, dans l’entourage de Victor-Emmanuel, aux plus vastes espoirs, quand on y apprit soudain la signature entre la Prusse et l’Autriche des préliminaires de Nickolsbourg.

Le gouvernement de Vienne se résignait à une paix peu onéreuse que l’intelligence supérieure de M. de Bismarck. sut imposer aux convoitises du roi Guillaume et de son état-major. L’intérêt de la Prusse n’était ni de rendre l’Autriche irréconciliable, ni de laisser à une intervention possible le temps de se produire. Sans doute, tant qu’il avait pu craindre la reprise des hostilités, M. de Bismarck encourageait les ardeurs italiennes. Mais il n’avait plus besoin maintenant d’assurer à son alliée la possession d’anciens territoires germaniques, et il songeait