Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 25.djvu/432

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se fissent un devoir de témoigner, d’une façon ou d’une autre, à qui de droit, leur gratitude.

L’action de la reine Augusta fut également bienfaisante.

Les prêtres et missionnaires français, dont le zèle charitable s’exerça d’une façon si utile en Allemagne, se sont tous plu à reconnaître les services rendus aux prisonniers, quand son action n’a point été entravée ou empêchée par l’autorité militaire même.

Le plus autorisé d’entre eux, le R. P. Joseph, a écrit : « Le clergé allemand ne s’est pas séparé, dans ces œuvres de dévouement, de notre clergé national ; il a eu à cœur de prouver au monde que le prêtre, comme la charité dont il est l’apôtre, ne connaît pas de frontières : les inimitiés des nations, les rivalités des partis, les haines implacables des guerres ne trouvent pas de place dans le champ pacifique de son action, et il est fort heureux qu’au sein de nos tourmentes, la Providence nous ait ménagé cette oasis impénétrable aux passions humaines. Le clergé d’Allemagne s’est donc montré dévoué et plein de zèle pour nos chers prisonniers : nous tenons à le constater et à lui rendre justice [1]... »

Prêtres et missionnaires français, prêtres allemands reçurent de l’argent, du linge et des vêtemens des nombreux comités de secours qui s’étaient organisés en France, en Belgique, en Hollande, en Suisse, en Allemagne aussi.

Malgré la gêne imposée par les circonstances à la majorité des officiers, beaucoup d’entre eux s’efforcèrent, au milieu de difficultés de toute sorte, d’améliorer le sort de leurs frères d’armes en adoucissant leur misère et en s’opposant à leur dégradation morale. Leur rôle fut très efficace si, comme le dit avec vraisemblance le lieutenant Patorni, « le mot d’ordre secret de la politique prussienne était la destruction de toute discipline, afin de renvoyer l’armée française aussi affaiblie moralement que physiquement. »

La Sœur de charité exerça aussi en Allemagne l’action si réconfortante dont elle possède le secret.

L’abbé Landau a fait connaître quelques-uns des bienfaiteurs des prisonniers : « ... Mme la baronne de Reybeld, d’origine française, femme du maître de poste en retraite, est depuis

  1. R. P. Joseph, op. cit., p. 58.