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douce et énergique, son caractère franc et ouvert, gagné la sympathie de ses chefs et l’affection de ses camarades [1]. »

Les prisonniers prenaient l’air dans la cour de la forteresse, lorsque Gombault, ignorant la défense de communiquer avec les hommes punis, s’approche de l’un d’eux pour lui dire quelques mots.

Le Bavarois qui était de faction le repousse brutalement, sans rien dire, d’un coup de crosse dans la poitrine ; puis, à la suite d’une discussion animée, il appelle à son aide des camarades, tout en continuant à frapper le sergent.

Un sergent bavarois « accourt avec quelques hommes de piquet et, sans demander d’explication, frappe au visage Gombault, dont il serre la gorge avec l’autre main. C’est alors seulement que notre malheureux camarade riposta par un coup de pied et fut immédiatement enlevé. »

Déféré sans retard à la cour martiale, Gombault est condamné à mort après un simulacre de jugement.

Quesnay de Beaurepaire n’avait pu obtenir l’autorisation de s’entretenir avec lui.

Gombault n’ayant pu embrasser une dernière fois ses camarades leur adressa ses adieux « écrits d’une main ferme : »

« A Monsieur Benoist Vincent, sergent au 2e régiment de tirailleurs, à Ingolstadt.

« Messieurs les sous-officiers du 2e régiment de tirailleurs algériens ! Adieu, braves camarades, je meurs fier d’avoir appartenu à votre noble corps et à la France.

« GOMBAULT. »


Jugé à huis clos, il a été fusillé de même.

Aussitôt informés de cet attentat véritable, tous les officiers détenus à Ingolstadt protestèrent en constatant que Gombault n’avait pas été jugé, ayant été privé, contrairement au droit des gens, de défenseur.

Cette lettre valut aux signataires, de la part du gouverneur, huit jours d’arrêts que le ministre de la guerre doubla ; elle se terminait ainsi :


«...Votre cour martiale a fait une mauvaise action contre laquelle nous protestons et que nous dénonçons aux armées de tous les pays. »

  1. Quesnay de Beaurepaire (capitaine), op. cit., pp. 217 à 228.