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mettre fin à ces souffrances. De pareilles scènes ne doivent pas se renouveler...


La Gazette de Cologne fut non moins catégorique, et rendit tout commentaire superflu.


... Les forteresses allemandes sont toutes encombrées de prisonniers, et le transport de ces malheureux dans des wagons à charbon ouverts, jour et nuit, par un froid de 8 à 12 degrés au-dessous de 0 est une cruauté que l’on ne saurait jamais défendre devant le tribunal de l’humanité.

Beaucoup de ces malheureux arrivent malades, exténués de froid et de faim, légèrement vêtus, et souvent sans souliers et sans bas...


La façon dont fut dirigé l’internement ne pouvait qu’aggraver un état déjà si lamentable.

En février 1871, il restait en Allemagne, comme prisonniers de guerre, 12 000 officiers et 372 000 hommes de troupe. Ils étaient répartis entre 195 dépôts : 152 sur le territoire prussien ; 26 en Bavière ; 7 en Wurtemberg ; 8 dans le grand-duché de Bade ; 2 en Hesse-Darmstadt.

Les officiers qui avaient signé l’engagement de ne pas s’évader jouirent d’une certaine liberté, mais ils étaient tenus de répondre à des appels et savaient que leur correspondance serait contrôlée ; ils logeaient en ville à leurs frais. Nous aurons occasion de parler de l’insuffisance de leur solde. Plus d’un eut à subir les insultes des habitans, ce qui les obligea à porter des effets civils ; mais, en général, ils furent traités avec les égards dus à leur grade.

Les officiers qui n’avaient pas voulu donner leur parole d’honneur furent mis en forteresse et parfois durement traités.

Les hommes de troupe, — gradés et soldats, — formèrent, dans chaque dépôt, des compagnies placées sous les ordres d’un commandant supérieur ayant un pouvoir disciplinaire des plus étendus.

Il est prouvé, par de nombreux témoignages, que les hommes de troupe furent insuffisamment et mal nourris et que, légèrement vêtus, mal chaussés, ils eurent, surtout en décembre et en janvier, à souffrir cruellement. Trop souvent aussi, ils furent en butte à d’indignes brutalités.

En principe, les simples soldats travaillèrent gratuitement.