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aquifère, les demeures prospères des régions sédimentaires aux pauvres cahutes du granit, une industrie de la laine à des meuneries, à une filature de textiles ou à des usines métallurgiques ? A cet égard, on peut dire qu’une carte géologique apporte aussitôt à celui qui sait la lire une foule de renseignemens qui n’apparaissent pas sur les cartes ordinaires et que les géographes cherchent tout au plus, en des ouvrages d’enseignement, à grouper d’une façon plus ou moins lisible. Comme je l’ai déjà rappelé, c’est tout le passé qui s’y résume. Le géologue, en examinant un de ces documens auxquels je vais faire allusion sans cesse, apprend qu’à telle ou telle époque, telle portion du territoire a été occupée par un continent ou envahie par la mer, ou de nouveau transformée en une chaîne alpestre, qui un peu plus tard a disparu sans laisser de saillie apparente. Là est l’intérêt scientifique de son étude. Mais il y déchiffre aussi quelles sont les compositions des terrains à la surface ou à des profondeurs diverses, quelles sont leur dureté, leur compacité, leur résistance aux agens de destruction qui burinent sans cesse la forme de la terre, et c’est de ces observations qu’il lui est permis de tirer des conséquences pratiques.

Dans le passé extrêmement long de la terre, tous les événemens n’ont pas été d’une importance égale. Pour un exposé aussi rapide que celui-ci, on doit attacher une valeur toute spéciale à deux phases, l’une ancienne, l’autre récente, dont nous allons dire quelques mots en commençant, pour éviter ensuite d’inutiles redites.

Tout d’abord, une région quelconque a rencontré, dans son histoire, un point culminant, une de ces périodes critiques comme il s’en produit dans la destinée des individus et dans celle des peuples, où il semble qu’un compartiment de l’avenir soit tombé d’un bloc dans un sens ou dans l’autre pour suivre longtemps l’impulsion donnée ou rester immobile. C’est en des périodes semblables que les diverses parties de notre sol français ont acquis, à des époques très espacées les unes des autres, l’individualité qui les caractérise, avec leurs traits constitutifs les plus marquans. Rien n’est là sans doute définitif, rien dans cet ordre matériel n’étant à jamais durable ; mais il fut cependant pris alors une décision d’assez longue portée pour que la physionomie du pays considéré en ait été, dans ses grandes lignes, déterminée pour nous. La cause première en est d’ordinaire