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LES
GEÔLES ALLEMANDES
EN 1870-1871

Dès le début de la guerre actuelle, les journalistes d’outre-Rhin ont consacré des articles haineux et mensongers à la façon dont étaient traités en France les prisonniers allemands. Ils se seraient plaints moins haut s’ils connaissaient ce qui se passa en 1810-1871 ou si, volontairement, ils n’avaient pas oublié leur histoire.

Rappelons-la-leur donc, sans passion et en n’utilisant que des documens certains.

Les Français, pour la plupart si oublieux du passé, bien qu’il renferme la leçon de l’avenir, apprendront en même temps pourquoi 17 240 de nos frères [1] ont succombé dans les geôles allemandes ; en outre, ils trouveront dans cette révélation un grief de plus pour lutter actuellement avec la dernière énergie.

Un apôtre, le R. P. Joseph, dont le nom mérite d’être conservé pour les services qu’il prodigua en Allemagne à nos compatriotes, a écrit : « De tous les maux engendrés par cette effroyable guerre, la captivité a été, sans conteste, le plus désastreux. Elle a privé tout d’un coup la France de ses meilleurs défenseurs ; elle a jeté 400 000 jeunes hommes dans les prisons glaciales de l’Allemagne où ils arrivèrent anéantis par

  1. Ce chiffre a été déterminé avec une rigueur scientifique, à l’aide de fiches individuelles, comme pour les guerres de Crimée et d’Italie, par le docteur Chenu. Il convient cependant de le prendre pour un minimum, bon nombre de prisonniers ayant succombé, plus ou moins de temps après leur rentrée en France, des suites de la captivité.