Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 25.djvu/387

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et, de plus, la perspective d’être embouteillée. Je doute que l’amiral Haus adopte définitivement cette solution.


Est-ce de Sebenico qu’est sorti le sous-marin autrichien qui a torpillé l’un de nos cuirassés de premier rang dans le canal d’Otrante ? Je croirais plutôt que c’est de Castelnuovo di Cattaro, où la marine impériale avait déjà un poste permanent de torpilleurs et qui est à peu près le point de la côte Dalmate le plus rapproché de l’issue de l’Adriatique (125 milles marins, — 230 kilomètres environ). Quoi qu’il en soit, voici, en gros, comment les choses se sont passées : le 21 décembre, par assez mauvais temps, — l’état de la mer rendant fort difficile la découverte d’un périscope de sous-marin, — deux torpilles automobiles furent lancées contre un groupe de nos unités de combat qui croisaient dans le canal. L’un de ces engins passa à l’arrière du Danton sans le toucher ; l’autre, atteignant le X... à l’extrême avant, partie très cloisonnée, ne lui fit qu’une déchirure de quelques mètres dans les œuvres vives au-dessous de la cuirasse. C’est qu’elle avait une trajectoire très oblique, qu’elle glissa un peu sur la coque et que l’explosion ne se produisit qu’à plusieurs mètres du bâtiment. Quelques jours de bassin à Bizerte et il n’y paraîtra plus. La réparation est déjà faite, très probablement, à l’heure où j’écris. Fortune de guerre ! Notre X... fut plus heureux dans l’Adriatique que le Formidable dans la Manche. J’observe seulement qu’il semble que nos cuirassés naviguaient « comme en escadre, » peut-être en ligne de file. Il devait y avoir des raisons pour cela. Mais, en principe, dans une croisière de ce genre et en de tels parages, il vaut mieux « s’égailler. » On fait ainsi la part moins belle au sournois adversaire.

Notons, pour finir, le bruit qui court avec persistance que trois cuirassés autrichiens auraient reçu des avaries sérieuses à la suite d’attaques de sous-marins français. On n’a pas de confirmation officielle de ces informations.


Quelques réflexions, maintenant, sur l’ensemble des opérations maritimes de ces cinq premiers mois de guerre.

Au fond, il est toujours utile, chez nous, de plaider la cause de la marine, à qui l’on fait assez volontiers son procès en