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l’usine à gaz de Cüxhaven. Il faut bien avouer quelque chose.

Mais le point intéressant de cette brillante affaire est que l’opération des hydravions était exactement combinée avec une vigoureuse reconnaissance des bâtimens légers anglais et d’un groupe de sous-marins. Nous n’avons pas encore assez de détails sur ce qui s’est passé pour pouvoir établir la part de chacun des élémens employés et apprécier le rôle qui leur était dévolu ; mais il est certain que tous, bâtimens de surface, sous-marins et aéroplanes, se sont parfaitement soutenus les uns les autres, que le feu des destroyers ou des croiseurs légers, notamment, a paralysé les Zeppelins et les avions d’Helgoland, tandis que les sous-marins britanniques arrêtaient ceux des Allemands qui allaient s’attaquer aux croiseurs.

Il n’est pas douteux non plus que nos adversaires n’aient été surpris, désorientés, — ils ne se ressaisissent pas aisément, — par une attaque aussi bien préparée et où les Anglais employaient avec succès des armes dont ils pensaient, eux. Allemands, s’être réservé le monopole. Et puis, les assaillans ayant navigué plusieurs heures dans le Helgolander bucht et jusqu’à toucher les bancs de la côte, sans avoir heurté une seule mine, c’est donc que les « champs » dont on avait tant parlé n’existaient pas, ou bien que les torpilles en étaient dispersées, bref, que l’accès du littoral germain n’était plus interdit par d’infranchissables obstacles ? Telle fut du moins l’une des plus pénibles constatations faites par la presse d’outre-Vosges à la suite du « raid » britannique du 18 décembre. Il faut s’entendre. Les marins alliés, je parle de ceux qui ont réfléchi sur l’emploi des mines automatiques dans la défense de la côte allemande, n’ont jamais pensé que nos adversaires aient semé de ces engins, qui ne distinguent point l’ami de l’ennemi, une aire qui devait, de toute nécessité, être constamment parcourue par leurs escadres ou leurs bâtimens détachés. S’ils eussent agi de la sorte, toute communication leur eût été interdite entre Helgoland et les estuaires, entre Borkum ou Wilhem’shaven et Cüxhaven. Les champs de mines, actuellement fort clairsemés, sans doute, ne s’étendent qu’au Nord, au Nord-Ouest et à l’Ouest d’Helgoland, au delà d’une ligne brisée que l’on pourrait tracer sans trop de difficultés. Ce n’est pas sur une mine automatique rencontrée par hasard, une streu-mine, c’est sur l’une des torpilles du barrage régulier de l’entrée de la Jade que le croiseur