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Il est évident que la Dette du Trésor est destinée à augmenter au cours des prochains mois. Mais le remboursement de cette dette a été prévu, dès le mois de septembre 1914, dans la convention intervenue à cette époque entre le ministre et le gouverneur de la Banque. Il a été stipulé que l’intérêt payé par l’Etat, qui n’est actuellement que de 1 pour 100, serait porté à 3 pour 100 dans l’année qui suivra la cessation des hostilités, et que les deux tiers de cet intérêt seraient alors appliqués à l’amortissement du capital restant dû.

Ceci ne constituera pas le seul mode d’extinction de la dette : le gouvernement s’est engagé à la rembourser sur ses premières ressources. Nous sommes convaincu qu’il apportera à le faire le même zèle que M. Thiers après 1871. L’amortissement de 2 pour 100 serait d’autant moins suffisant que la Banque a été autorisée à imputer sur ce fonds les pertes qui se produiraient sur le montant de son portefeuille immobilisé par la prorogation des échéances. Cette mesure est analogue à celle qu’a prise le Gouvernement britannique, lorsqu’il garantit directement la Banque d’Angleterre contre les pertes que lui infligeraient ses escomptes. Le Gouvernement français s’est inspiré de cet exemple sans le suivre complètement ; il a considéré qu’il n’avait pas à intervenir dans des opérations conclues sous la seule responsabilité de la Banque et qu’il serait dangereux de les livrer à une discussion parlementaire. Cette intervention eût présenté un caractère particulièrement périlleux dans notre pays, où l’on tire trop volontiers des conséquences permanentes d’un fait accompli en temps de crise.


VI

La Bourse de Paris a été surprise par la déclaration de guerre. Les négociations qui s’y trouvaient engagées et devaient se régler à la fin du mois de juillet 1914 étaient moins importantes qu’à d’autres époques : on les évalue à 500 millions au marché officiel et à 150 millions sur le marché libre, connu sous le nom de coulisse. La moitié environ portait sur des rentes françaises, particulièrement sur les titres du nouvel emprunt 3 1/2 amortissable. La première mesure prise fut l’ajournement du règlement de la liquidation : il apparaissait que, sous l’influence de l’émotion causée par les premières nouvelles du