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s’effectuent au comptant. Le nombre en croîtrait vite si le crédit reprenait son expansion naturelle et si les lettres de change, cette véritable monnaie des banques, recommençaient à être créées et à circuler. On a pu se faire une idée de la contraction qu’a subie sous ce rapport le marché français, en apprenant, par le bilan de la Banque de France du 10 décembre, que, sur un portefeuille de 3 850 millions, il n’y avait que 213 millions d’effets non échus. Le reste se composait d’effets prorogés, provenant de transactions antérieures à la déclaration de guerre. On voit par là que, depuis cinq mois, il ne s’est, pour ainsi dire, pas créé d’effets de commerce ayant trait à des affaires nouvelles.

Voici quels étaient, au même bilan, les soldes des principaux comptes de la Banque de France :


Actif. Millions Passif. Millions
Encaisse or 4 142 Billets en circulation 9 986
Encaisse argent 351 Compte du Trésor public 177
Portefeuille non échu. 213 Comptes courans 2 273
Portefeuille prorogé 3 637 Comptes de dépôts de fonds. 399
Avances à l’État 3 600
Avances sur titres 781
Divers 111
Total 12 835 Total 12 835


La situation qui ressort de ce document est satisfaisante. Elle fait le plus grand honneur au Conseil de Régence et au Gouverneur de notre grand institut d’émission, M. Pallain, dont la politique prévoyante avait su réunir et conserver l’encaisse puissante, qui est aujourd’hui la pierre angulaire de la Banque, et l’un des soutiens de nos finances publiques. La proportion du métal à la circulation est de 45 pour 100. Si l’on ajoute le portefeuille commercial au numéraire, on trouve une couverture de 84 pour 100. Si l’on comprend dans cette couverture les avances sur titres faites à des particuliers, on arrive à 91 pour 100. : Il ne reste donc que 9 pour 100 de la circulation qui corresponde à la dette de l’Etat. Il est vrai que cette proportion augmenterait au fur et à mesure des retraits des comptes courans : mais les engagemens de la Banque ne seraient pas aggravés de ce chef. Elle devrait en moins à ses déposans ce qu’elle devrait en plus aux porteurs de billets.