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d’après certaines communications, il en aurait été souscrit 3 milliards et demi environ. La Prusse a suivi, avec un emprunt d’un milliard et demi de mark qu’elle n’a même pas essayé de placer dans le public et qui a été enfermé dans des établissemens officiels. L’Autriche a émis, le 16 novembre, au même cours de 97 et demi, des Bons du Trésor 5 et demi pour 100, remboursables en 1920, et la Hongrie, toujours au même cours, une rente 6 pour 100, dont les souscripteurs pourront, moyennant préavis d’un an, réclamer le remboursement en 1919. Il a été, dit-on, placé en Autriche 1 540 millions de couronnes (1 600 millions de francs) et, en Hongrie, 800 millions de couronnes (840 millions de francs). L’Angleterre a émis, le 24 novembre, au prix de 95, le plus grand emprunt qu’aucune Puissance ait jamais contracté, 350 millions de livres (8 750 millions de francs) d’une rente 3 et demi remboursable de 1925 à 1928. Enfin l’Italie a émis avec un grand succès, en janvier 1915, un milliard de rente 3 et demi pour 100.

Voilà déjà une vingtaine de milliards de francs entrés dans les caisses publiques, sinon d’une façon définitive, au moins pour des périodes telles que le remboursement n’en pèsera pas sur les exercices qui suivront immédiatement la guerre. Mais, d’autre part, il faudra rembourser les avances consenties aux différens Trésors par les Banques d’émission, et retirer le papier-monnaie mis en circulation. En outre, il n’y aura pas seulement à régler le compte des dépenses faites ; des sommes considérables seront nécessaires pour réparer les effroyables dévastations commises au cours des hostilités. Que ces dommages, qui se chiffrent par dizaines de milliards, soient couverts en partie par les gouvernemens des victimes, ou qu’elles en reçoivent le montant des auteurs mêmes des crimes à qui une contribution de guerre équivalant au mal causé sera imposée, peu importe au point de vue qui nous occupe : de toute manière, ces milliards devront être empruntés. Voyons en face de quelles ressources nous nous trouverons alors, et recherchons à cet effet quelle est la situation de notre marché monétaire et financier.


V

Notre étude ne serait pas complète si elle ne s’occupait de la Banque et de la Bourse, dont il a été si fort question depuis