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C’est là un des élémens du problème social : dans l’espèce, il doit se résoudre par des mesures fiscales qu’il faudra savoir prendre sans faiblesse. Dans un autre ordre d’idées, nous espérons que les yeux du pays et de ses représentans vont enfin s’ouvrir, à la lumière de la grande épreuve que nous traversons, et qu’ils discerneront le véritable devoir qui incombe à l’État, c’est-à-dire au gouvernement. Pour avoir voulu se mêler de tout, celui-ci a négligé les parties essentielles de sa tâche primordiale, et qui consiste à veiller à la sécurité nationale et maintenir l’armée et la marine au plus haut degré de puissance. Ce n’est pas le moment d’écrire à ce sujet tout ce qui remplit le cœur des bons citoyens et de demander des comptes aux coupables qui, négligeant les avertissemens les plus sérieux, n’avaient mis ni nos finances, ni nos forteresses, ni nos approvisionnemens dans l’état où ils auraient dû être. Aussi n’en parlons-nous que pour dégager la conclusion qui s’impose, à savoir la nécessité de ramener le gouvernement à ses fonctions naturelles et de ne pas lui permettre de s’égarer dans un labyrinthe d’expériences dites sociales, sous prétexte desquelles il commençait à bouleverser l’édifice financier de la France.

Ce qu’il faudra avant tout, dans nos futurs budgets, c’est rendre au pays la liberté de ses mouvemens, que les tendances interventionnistes des derniers temps paralysaient de plus en plus. Pour payer chaque année au Trésor les milliards qu’il réclame, les Français ont besoin de travailler ; leur esprit d’entreprise doit être stimulé, ou tout au moins ne pas être contrarié. Or, l’un des plus graves défauts d’une certaine législation, c’est de décourager le contribuable, en lui faisant craindre l’intervention excessive et abusive du fisc dans ses affaires, le prélèvement d’une portion exagérée de ses bénéfices, les tracasseries administratives, la violation du secret de ses affaires et de sa vie.

Comment l’Etat trouvera-t-il les sommes nécessaires à la souscription de ses emprunts, si l’épargne ne peut se former librement ? Il faudra un élan d’autant plus grand chez nos nationaux que les concours étrangers, qui, à d’autres époques, s’étaient produits, seront plus rares. Toutes les grandes nations du globe, en effet, à l’exception des Etats-Unis d’Amérique, auront, elles aussi, des rentes à placer : pendant quelque temps,