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127 millions, au chapitre des garanties d’intérêt des chemins de fer. Le même service, pour l’année tout entière, n’avait exigé l’inscription au budget de 1914 que de 16 millions !

On voit la gravité du problème : ce sera l’un des premiers à étudier, au double point de vue de l’allégement de nos finances et de l’organisation d’un service répondant à tous les besoins du public. L’expérience de la guerre a d’ailleurs été concluante sous ce dernier rapport. Nos Compagnies ont été à la hauteur de toutes les exigences de la défense nationale. La façon dont la Compagnie de l’Est, par exemple, au commencement de septembre, a transporté des armées entières sur les champs de bataille de la Marne, a démontré la perfection de son organisation : elle a eu sa part dans nos victoires d’alors.

5° Les mêmes ministres qui parlaient sans cesse d’unité budgétaire, n’ont pas hésité à permettre que certaines recettes reçussent des affectations extra-budgétaires. C’est ainsi que les prélèvemens opérés au profit du Trésor sur le Pari mutuel des champs de courses servent à une foule d’œuvres, auxquelles ils sont distribués selon le bon plaisir du ministre de l’Intérieur, sans le contrôle du Parlement. Les sommes que la Banque de France verse annuellement au Trésor et qu’elle prélève sur les produits de ses escomptes et avances, ont été destinées à fournir des avances aux Caisses de crédit agricole. Celles-ci ont maintenant pris un développement suffisant et commencent à avoir des ressources assez importantes, au moyen des dépôts qu’elles reçoivent, pour pouvoir se passer de l’aide de l’Etat. Il semble donc légitime de faire rentrer dans les recettes budgétaires aussi bien la contribution de la Banque que les versemens du Pari mutuel.

6° La gratuité de la navigation sur les canaux ne se justifie par aucun argument. Il n’est pas plus logique de permettre aux transporteurs par eau d’user de cette route sans acquitter un péage, qu’il ne le serait de laisser des camionneurs faire rouler des locomotives et des wagons sur les rails des voies ferrées, sans payer le prix de ce passage. L’établissement et l’entretien d’un canal coûtent, aussi bien que ceux d’une ligne de chemin de fer. Pourquoi, dès lors, accorder une faveur à la classe des navigateurs dont les péniches parcourent ces artères ? La taxe que nous proposons est bien modeste : un quart de centime par tonne kilométrique, le dixième à peu près de celle que