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de concessions temporaires accordées par l’État, nu propriétaire des lignes, à des Compagnies exploitantes, le hasard des décisions parlementaires a créé un réseau d’État, dont celui-ci est non seulement le propriétaire, mais aussi l’exploitant. En 1875, l’acquisition des lignes Philippart en Vendée et dans les Charentes, forma un premier noyau, dont l’importance, trente-trois ans plus tard, fut triplée par le malencontreux rachat de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, aussi profitable aux actionnaires que nuisible au Trésor. Le déficit n’a cessé de croître ; le compte d’établissement a grossi dans une proportion que personne n’avait prévue. Bien avant les événemens de 1913, qui nécessitèrent l’émission d’un emprunt, il avait fallu, pour les besoins de ce réseau, rouvrir le grand Livre de la Dette publique et émettre, à jet continu, des obligations 4 pour 100, dites des chemins de fer de l’État. D’un autre côté, les concessions des cinq grandes Compagnies, Nord, Est, Midi, Orléans, Paris-Lyon-Méditerranée, approchent de leurs échéances : la plus éloignée expire en 1960 ; la plus rapprochée en 1948, c’est-à-dire dans une trentaine d’années. La brièveté du temps qui leur est ainsi mesuré commence à paralyser l’activité de ces sociétés. Un chemin de fer a besoin de se développer sans cesse, de renouveler et d’augmenter sa voie, son matériel, de faire des constructions de diverse nature ; pour tous ces objets, il faut qu’il emprunte ; afin que ces emprunts ne soient pas trop onéreux, il doit pouvoir en espacer l’amortissement sur une période suffisamment longue : or, les délais actuels d’expiration de concessions rendent d’ores et déjà excessive la charge des obligations à émettre. L’Etat aurait tout intérêt à négocier dès maintenant avec les Compagnies une prolongation de leurs concessions, en échange de laquelle il se ferait attribuer de sérieux avantages. Il pourrait notamment stipuler en sa faveur une part plus élevée, dans le partage des bénéfices, que celle qui est prévue par les conventions de 1883. Il écarterait la menace d’appels considérables à sa garantie, qui, d’après le régime actuel, ne manqueront pas de lui être adressés au cours des prochaines années. Le trouble apporté par la période de guerre dans les finances des Compagnies ne manquera pas d’avoir sa répercussion dans les charges publiques. Aux six douzièmes votés pour 1915, figure déjà, sous la rubrique des dépenses obligatoires assimilables à des dettes d’Etat, une somme de