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à 4 milliards. Cela fera 2 milliards pour le semestre. Les Bons de la Défense nationale, dont le succès s’affirme chaque jour, pourront donner 2 milliards. La Banque de France, au 10 décembre 1914, avait avancé 3 600 millions ; mais elle est engagée, par la convention du 21 septembre, à aller jusqu’à 6 milliards ; et il a été prévu que ce dernier chiffre pourrait être dépassé. Il reste donc, en tout cas, une première tranche disponible de 2 400 millions, ce qui forme un total de 6 400 millions. Les 2 milliards manquant devront être fournis par une augmentation de l’avance de la Banque ou par l’émission d’une dette à court terme, des obligations du Trésor de trois à cinq ans par exemple. D’ici à l’été, il est permis de supposer que la campagne sera assez avancée pour que la France puisse, à son tour, songer à l’émission d’un grand emprunt en rentes consolidées, qui sera souscrit aussi brillamment que l’a été, au mois de novembre 1914, celui de l’Angleterre. Les deux principales raisons qui ont empêché jusqu’ici l’émission d’un fonds consolidé sont l’occupation partielle de notre territoire et les questions pendantes au sujet de la rente 3 1/2 créée en juillet 1914.

On peut essayer de dresser dès maintenant le programme des impôts nouveaux, à l’établissement duquel une extrême prudence devra être apportée. Il faudra, avant tout, écarter les systèmes absolus, rejeter à la fois les programmes qui voudraient faire table rase de ce qui existe et ceux qui prétendent demander la totalité des ressources nouvelles à une seule nature de taxes. Pour réunir les sommes considérables dont on aura besoin, il sera nécessaire de s’adresser aux impôts de toute nature, les indirects aussi bien que les directs. Comme le disait Gladstone, on courtisera les deux sœurs, la brune et la blonde, qui devront, l’une et l’autre, accorder leurs faveurs au Ministre des Finances.

Déjà avant la guerre, alors que les partisans d’une saine gestion de nos finances critiquaient les expédiens au moyen desquels nos derniers budgets avaient été équilibrés et cherchaient à les asseoir sur une base solide, nous avions, d’accord avec M. Paul Leroy-Beaulieu, dressé un projet de recettes supplémentaires qu’il nous paraissait facile de réaliser, soit en établissant des taxes nouvelles, soit en majorant des impôts existans et en assurant la perception intégrale de ceux d’entre