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de grandes œuvres vraiment sociales, au créateur du corps des Aumôniers volontaires qui sont l’honneur de nos armées, au coopérateur assidu de cette belle Société de la Croix Rouge de Secours aux blessés militaires et de l’Union des Dames de France qui, sous la direction éclairée et puissante du marquis de Vogué, dispose, rien que dans la huitième Région, de plus de 32 000 lits, provoque partout d’innombrables dons en nature, ouvre des hôpitaux temporaires dans les villes et bourgs importans, crée des asiles, des ouvroirs et des dispensaires, célèbre à ses frais des cérémonies religieuses dans tous les cultes pour les soldats morts au champ d’honneur... Voilà ce que signifiait ce concours immense du peuple bordelais aux obsèques du comte de Mun, réuni là pour honorer et exalter ce qui fait la passion de tous les Français : l’amour absolu, l’amour indéfectible de la Patrie.

C’est le sentiment qui inspirait aussi les conférenciers réunis, par l’heureuse initiative du Journal des Débats, dans la salle du Théâtre Français et qui, devant un immense auditoire, ont flétri la conduite de nos ennemis, ont célébré la droiture de nos alliés et à juste titre l’endurance, la valeur et l’héroïsme de notre armée. Le séjour du gouvernement à Bordeaux a permis au généralissime Joffre d’avoir plus de tranquillité d’esprit pour la direction de manœuvres habiles, prudentes et fortes qui ont fait l’admiration des critiques militaires les plus avisés et provoqué la reconnaissance du pays si bien défendu. Le gouverneur de Paris a pu, lui aussi, en toute liberté d’action, renforcer la défense de la capitale et la mettre à l’abri d’un coup de force violent résolu par un ennemi audacieux, qui était décidé à tout entreprendre et à tout risquer pour entrer victorieux dans la capitale réduite à sa merci et à laquelle il eût peut-être fait subir, par sa barbarie, le sort de Louvain, de Matines, de Reims ou d’Arras. Mais ces menaces-là sont vaines et devant l’union serrée, étroite de toute la nation qui a compris la grandeur du péril et qui est résolue à faire la guerre jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la destruction de son féroce adversaire, toute crainte doit disparaître. La confiance dans le triomphe final s’impose aux esprits les plus hésitans. Nous pensons et nous disons tous ce que m’écrivait M. de Broqueville au sujet du peuple belge : « Nous avons foi dans l’avenir. Nous combattrons jusqu’au bout comme il convient à