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confusion, et ils ont rendu complète la démonstration qu’il n’y avait de possible que la République. » M. Thiers ne méconnaissait pas cependant que la situation était difficile, et qu’il pouvait en résulter des effets fâcheux, mais il croyait qu’avec la sagesse il était possible de s’en tirer, et il souhaitait, avant tout, que l’on conservât la paix extérieure avec dignité.

Après le discours de M. Thiers, qui ne fut alors critiqué par personne, l’amendement Louis Blanc, qui demandait le transport à Paris, fut repoussé par 427 voix contre 154. Puis on décida le transfert à Versailles par 461 voix contre 104. Aussitôt après ce vote, M. Thiers convia ses collègues à se réunir à Versailles le jeudi 16 mars, mais il fut décidé qu’on ne s’y réunirait que le lundi 20. MM. de Rességuier, Baragnon, le marquis de Mornay et quatre-vingts membres de la droite demandèrent alors que les ministères des Postes, de l’Intérieur et de la Guerre fussent transférés en même temps que l’Assemblée à Versailles. M. Thiers supplia l’Assemblée d’en finir au plus vite, et de ne pas empiéter sur le domaine de l’exécutif. Il fit remarquer que Versailles ne contenait plus, depuis ce jour même, de soldats prussiens ; il dit que l’architecte du Palais, M. de Joly, lui avait affirmé que c’était le seul lieu capable de recevoir utilement et pratiquement une assemblée aussi nombreuse. Après ces observations, les auteurs de la motion la retirèrent, et la séance se termina à huit heures du soir, en laissant à tous le sentiment que de grandes vérités avaient été dites, dont chaque parti pouvait et devait tirer son profit.

Le samedi 11 mars, M. Thiers, qui avait été élu dans les Basses-Alpes, l’Aude, les Bouches-du-Rhône, la Charente-Inférieure, le Cher, la Dordogne, le Doubs, la Drôme, le Finistère, le Gard, la Gironde, l’Hérault, l’Ille-et-Vilaine, les Landes, la Loire, le Loir-et-Cher, le Loiret, le Lot-et-Garonne, le Nord, l’Orne, le Pas-de-Calais, la Saône-et-Loire, la Seine, la Seine-Inférieure, la Seine-et-Oise et la Vienne, déclara opter pour la Seine, en remerciant les électeurs des autres départemens qui lui avaient fait l’honneur de l’élire. Jules Grévy, élu par le Jura et les Bouches-du-Rhône, opta pour le Jura ; puis il clôtura la session de l’Assemblée, qui avait duré un mois, en offrant l’expression de la gratitude des représentans à la magnifique ville de Bordeaux pour son accueil sympathique et sa généreuse hospitalité.