Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 25.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les régimes qui se sont succédé dans notre pays ont tenu à conserver intact ce legs d’un passé glorieux, éloquent témoignage du prestige du nom français dans le Levant. De son côté, le dévouement des Maronites à notre égard n’a jamais faibli : « Les liens inébranlables qui nous unissent à la France, » s’écriait récemment un de leurs notables, « constituent pour nous un précieux héritage transmis par nos aïeux et nous y restons attachés avec une fidélité intransigeante et jalouse [1]. »

Ce dévouement se manifeste, avec une fougue tout orientale, dans leur empressement à fêter nos représentans. Quand l’un d’eux leur rend visite, les cloches sonnent, les paysans descendent de leurs montagnes, les fusillades éclatent, les femmes jettent de l’eau de rose, l’enthousiasme ne connaît plus de bornes [2]. Et les sentimens sincères et profonds qui dictent ces démonstrations, sentimens en quelque sorte innés dans ce peuple et qui en animent tous ses membres depuis le Patriarche jusqu’au plus humble des fellahs, sont faits de reconnaissance pour le passé, d’attachement pour le présent et de sereine confiance en l’avenir. Ils tiennent presque du culte et rappellent d’une façon touchante ceux qu’inspire la piété filiale : « La France est notre mère, » paraissent penser tous les Maronites, « est-ce un nom qui se reprend [3] ? »


RENE RISTELHUEBER.

  1. Discours adressé le 19 avril 1911 au Patriarcat maronite par le Cheikh Joseph Gémayel à M. Boppe, conseiller de l’Ambassade de France à Constantinople, de passage en Syrie.
  2. Voyez dans le Temps du 20 décembre 1911, sous la signature de M. Henry Outrey, la description de la réception faite à M. Couget, consul général de France, lors d’une visite au Patriarcat maronite.
  3. Claude Boringe, article du Figaro, cité plus haut.