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Le plus important des privilèges consacrés par le synode de 1736 consiste dans le droit d’élection du Patriarche et des évêques. Chef du clergé et, en même temps, chef d’un petit peuple, le Patriarche est désigné par une assemblée épiscopale. Ce choix est ensuite confirmé par le Saint-Siège qui envoie au nouveau prélat le pallium, symbole de sa dignité, quand il a reçu de lui une profession de foi catholique et un acte de soumission.

Le nombre des évêques a souvent varié. Actuellement, huit sont à la tête de diocèses[1], tandis que cinq autres remplissent la charge de vicaires patriarcaux. Indépendamment de leur autorité spirituelle, ils jouissent de pouvoirs très étendus en matière temporelle, dressant les actes de l’état civil et tranchant de nombreuses questions relatives au statut personnel.

Un autre privilège remarquable consiste dans l’autorisation, maintenue en faveur de certaines églises orientales, de donner le sacrement de l’ordre aux hommes mariés. Il est cependant inexact de dire que les prêtres maronites peuvent contracter mariage : la vérité est que des hommes déjà mariés peuvent devenir prêtres. En fait, et quoique cet usage, dont le clergé inférieur seul bénéficie, tende à devenir moins fréquent, bien des curés de village ont charge de famille.

Quant au clergé régulier, il est représenté par 1 800 moines environ qui, répartis en trois ordres[2], peuplent les nombreux et pittoresques couvens du Liban.


Retirés dans le calme de leurs montagnes grandioses, qui se dressent entre la mer et le ciel, et disséminés dans de nombreux villages épars sur les flancs du Liban, les Maronites vivent, loin du tumulte des agglomérations, d’une vie simple et facile. Leurs origines religieuses et l’âpre nature qui les entoure les ont profondément marqués d’une double empreinte, à la fois mystique

  1. Sans compter le diocèse de Batroun, qui relève directement de l’autorité du Patriarche, les huit diocèses maronites sont ceux de Beyrouth, Tripoli, Alep, Baalbeck, Damas, Saïda, Tyr et Chypre. Tous les évêques ont des résidences au Liban, même lorsque leur diocèse n’y est pas compris. Quant au Patriarche, il réside pendant l’hiver à Békerké, au-dessus de Djouni, non loin de Beyrouth, et pendant l’été, à Cannobin, dans la haute Montagne, au-dessus de Tripoli et au pied des cèdres.
  2. Ces trois congrégations sont celles des Alepins, des Antonins et des Baladites.