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forment d’importantes colonies. Ces émigrans, dont l’appoint est considérable, constituent une population flottante particulièrement délicate à évaluer.

En ce qui concerne le Liban, les Maronites, très prolifiques, y forment la majorité : environ 270 000 sur un total d’à peu près 420 000 habitans [1]. Peuplant presque entièrement les districts nord du Batroun et du Kesrouan, ils sont encore les plus nombreux dans celui du Méten, au centre, et restent sensiblement supérieurs aux Druses dans celui du Djezzin, au sud. Dans les autres régions de la Syrie, leurs groupemens les plus considérables se trouvent surtout à Beyrouth (55 000), puis à Damas (15 000), à Alep et même à Jérusalem. Au total, ils représentent à eux seuls environ les deux tiers de la population catholique de la Syrie.

En raison de leur nombre, une situation spéciale leur a été réservée dans l’administration libanaise. Elle n’est cependant pas aussi nettement prépondérante que leur supériorité numérique pourrait le faire supposer. Ils comptent parmi les leurs quatre des sept préfets de district et cinq [2] des treize membres du Conseil administratif, sorte de Parlement libanais. En outre, c’est également parmi eux qu’est toujours choisi le vice-président de ce Conseil, le plus haut fonctionnaire de la Montagne après le Gouverneur général.

La nation maronite étant, avant tout, un groupement religieux, il importe, afin de se rendre compte de sa situation et de ses caractéristiques, de l’envisager au point de vue confessionnel.

Par la force même des choses, il a déjà été nécessaire, en exposant l’origine de cette communauté, d’indiquer l’idée religieuse qui a présidé à sa constitution. On a vu que ses fondateurs furent accusés d’avoir adopté des doctrines entachées d’hérésie aux yeux de l’Eglise romaine ; cette accusation a reparu par la suite sous la plume de Guillaume de Tyr, l’historien des Croisades.

  1. Les autres populations libanaises sont : les Druses (60 000) peuplant le district du Chouf, les Grecs-Orthodoxes (55 000) habitant celui du Koura, au nord, les Grecs-Catholiques ou Melchites (33 000), la plupart massés dans la ville de Zalhé, les Métualis (18 000) et les Musulmans (15 000).
  2. Encore l’adjonction d’un cinquième membre maronite est-elle de date toute récente : elle a été décidée lors de la nomination du dernier Gouverneur général (novembre 1912).