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Maron se serait rendu à Rome où le Pape Serge l’aurait confirmé dans sa dignité nouvelle en lui conférant le Pallium, dont ses successeurs continuent à solliciter l’octroi à leur élévation au trône patriarcal. Ceux-ci, en mémoire de leur glorieux prédécesseur, portent, encore à l’heure actuelle, le titre de Patriarche d’Antioche [1].

La doctrine de saint Jean Maron n’a pas davantage trouvé grâce devant certains auteurs qui l’ont également suspectée d’avoir été entachée de monothélisme. Cependant, le Pape Benoit XIV, dans une allocution adressée le 13 juillet 1744 à ses Cardinaux, résumait ainsi le rôle de ce saint personnage : « Vers la fin du VIIe siècle, alors que l’hérésie désolait le Patriarcat d’Antioche, les Maronites, afin de se mettre à l’abri de la contagion, résolurent de se choisir un Patriarche dont l’élection fût confirmée par les Pontifes romains [2]. » En outre, M. l’abbé Nau, professeur à l’Institut catholique de Paris, a publié la traduction d’un exposé de la foi [3], qu’il attribue, sans aucun doute, à saint Jean Maron, et dans lequel celui-ci réfute précisément la doctrine des monothélites.


Désormais retranchés dans les escarpemens de la chaîne libanaise, dont certains sommets dépassent 3 000 mètres, les Maronites formèrent bientôt un petit corps de nation relativement indépendant. A l’abri de leurs hautes montagnes habilement fortifiées, ils purent résister opiniâtrement à l’invasion arabe. Contraints, à la longue, de se soumettre à la domination des conquérans qui les entouraient de tous côtés, du moins conservèrent-ils leur organisation particulière, d’essence féodale. En fait, le Patriarche et les grands chefs féodaux, dépendans

  1. En souvenir de saint Pierre, le premier titulaire du siège patriarcal d’Antioche, les Patriarches maronites ajoutent tous à leur prénom celui de Pierre. Leur titre complet est : Patriarche maronite d’Antioche et de tout l’Orient. Voyez, à ce sujet, dans la Revue de l’Orient chrétien, un article du P. Chebli, 1903, p. 133, et intitulé le Patriarcat maronite d’Antioche.
  2. Mgr Debs, op. cit., p. 24 et 25.
  3. Opuscules maronites parus dans la Revue de l’Orient chrétien, 1899, p. 180 et 188.