Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 25.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intact, au milieu des luttes religieuses, le dépôt de la foi catholique légué par leur fondateur. Leur attachement aux principes du concile de Chalcédoine fut souvent pour eux l’occasion de subir de rudes épreuves de la part des hérétiques dont ils étaient entourés, témoins ces trois cent cinquante moines qui, sous les empereurs Sévère et Anastase, versèrent leur sang pour la cause de l’orthodoxie. Les annales du VIe siècle font mention du monastère de saint Maron qui, brûlé par ordre d’Anastase, fut ensuite restauré par les soins de Justinien le Grand. Ils relatent de même l’existence des religieux qui l’habitaient, et dont certains furent parfois délégués à Constantinople pour représenter les couvens de Syrie dans les assemblées ecclésiastiques. L’existence de cette communauté religieuse, un des centres chrétiens les plus importans d’Asie Mineure, se poursuivit ainsi jusqu’au VIIe siècle sans autres incidens que les persécutions dont elle était parfois l’objet.


C’est à cette époque que la tradition fait vivre le second patron des Maronites, saint Jean Maron, qui aurait vécu vers la fin du VIIe siècle [1]. Bien que relativement plus proche de nous, son existence paraît moins bien connue, et même, au dire de certains critiques, moins scientifiquement établie, que celle de son prédécesseur.

Sa vie est entourée de nombreuses légendes. Elles contribuent à faire de ce personnage une figure quelque peu mystérieuse. Quoi qu’il en soit, ce disciple de saint Maron, né aux environs d’Antioche, après avoir étudié dans le monastère fondé par son illustre prédécesseur et perfectionné ses connaissances à Constantinople, n’aurait pas tardé à se faire remarquer par sa science et à prendre sur ses coreligionnaires une autorité indiscutable. A ce moment, la Syrie venait de tomber dans les mains des Arabes qui firent leurs premières incursions dans ces contrées en 634. La domination byzantine s’y trouvait déjà si singulièrement affaiblie qu’une dizaine d’années à peine suffirent

  1. Mgr Debs, notamment, le fait vivre du VIIe au VIIIe siècle ; M. l’abbé Nau, professeur à l’Institut catholique de Paris, au commencement du VIIIe siècle. Cependant certains auteurs croient pouvoir placer son existence à une époque postérieure.