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francs imposée par le général commandant la deuxième armée (toujours Bülow). Il termine sa lettre par ces mots :

« La ville de Wavre sera incendiée et détruite si le paiement ne s’effectue pas à terme utile, sans égards pour personne : les innocens souffriront avec les coupables ! »

Le 17 août, le bourgmestre de Hasselt, sur les ordres de l’autorité militaire supérieure allemande, avait été obligé d’afficher cet avis :

« Dans le cas où des habitans tireraient sur des soldats de l’armée allemande, le tiers de la population mâle serait passé par les armes. »

Le 5 octobre enfin, le feld-maréchal von der Goltz lance dans toute l’étendue de son gouvernement la proclamation suivante, plus claire encore que les autres (on sait que, fréquemment pendant la campagne de Belgique, des détachemens d’éclaireurs cyclistes ont été faire sauter, jusqu’au fond des provinces occupées, des voies de chemin de fer nécessaires aux communications allemandes) :

« Dans la soirée du 25 septembre, la ligne de chemin de fer et le télégraphe ont été détruits sur la ligne Lovenjoul-Vertryck. À la suite de cela, les deux localités citées ont eu, le 30 septembre au matin, à en rendre compte et ont dû livrer des otages.

« À l’avenir, les localités les plus rapprochées de l’endroit où de pareils faits se sont passés, — peu importe qu’elles soient complices ou non, — seront punies sans miséricorde ! »

Ainsi le mépris de la vie des citoyens, les sévices contre les prisonniers de guerre, des tragédies abominables comme celle d’Andenne, les représailles contre tous pour le geste d’un seul, — mieux, pour un fait étranger à la population, qui se passe dans les environs, tout cela est autorisé et ordonné. Tout cela se fait ouvertement sous les yeux d’un kaiser ami passionné de la Paix et « délices du genre humain ! »


VII


La cause est entendue. Déjà le monde a jugé. Pour le faire, il n’a pas attendu de connaître dans son ensemble la série sanglante des atrocités allemandes. Dès les premières scènes de la tragédie belge, il en a deviné toute l’horreur. Les documens