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conduite des Allemands à l’égard des églises et des prêtres jusqu’à leur conduite à l’égard de ces « chiffons de papier » que sont les conventions internationales, c’est vraiment cette race-là, et non point la nôtre ou celle de nos Alliés, qui s’est montrée la plus « nietzschéenne ! »

Et que si personne, sans doute, n’a plus puissamment contribué que le philosophe-poète des Paroles de Zarathoustra à transformer les anciennes notions et habitudes allemandes en matière de morale Individuelle, c’est chose incontestable que le grand éducateur « politique » de l’Allemagne d’aujourd’hui a été l’historien Henri de Treitschke. Non pas, d’ailleurs, que celui-ci ait été beaucoup plus lu, ni surtout mieux compris que son glorieux collègue, le professeur bâlois : mais lui aussi a lancé dans la circulation un certain nombre de formules caractéristiques, et l’on peut bien dire que de ces formules est sorti tout l’étonnant système assez improprement désigné, à présent, du nom prétentieux de « pangermanisme. »

On a publié, ces temps-ci, en Angleterre aussi bien que chez nous, toute sorte d’articles, brochures, et livres consacrés à l’exposé de la doctrine de Treitschke, ou, plus exactement, à l’exposé de l’influence de cette doctrine d’il y a un quart de siècle sur l’esprit nouveau de la politique allemande : mais aucune de ces publications, — autant du moins que j’ai pu en juger, — n’est aussi bien faite pour nous renseigner sur le rôle véritable du professeur « prussomane » de l’Université de Berlin qu’un tout récent volume anglais où l’on a eu l’excellente idée de rassembler et de traduire quelques-uns des principaux « essais » politiques de Treitschke, — en y joignant un peu au hasard, par manière de préface, les souvenirs personnels d’un vieux professeur allemand qui, jadis, a eu l’honneur d’être le collègue de Treitschke à l’Université d’Heidelberg. Écrits pour des lecteurs allemands, au lendemain de la mort de l’historien, ces Souvenirs de M. Adolf Hausrath n’ont naturellement pour nous aucun intérêt : tout au plus leur savons-nous gré de tenir lieu d’une préface plus expressément instructive, et de nous laisser ainsi plus à même d’explorer pour notre propre compte, sans aucun parti pris, les sentimens, les idées, et toute l’étonnante figure « spirituelle » de l’un des très rares grands hommes de l’Allemagne « post-bismarckienne. »


Voici, par exemple, un long discours sur la Législation internationale. Le traducteur a négligé de nous indiquer la date du discours : mais tout porte à croire que celui-ci aura été prononcé peu de temps après les victoires de 1870. Et, tout d’abord, il faut noter que, dans ce