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que des batteries de canons légers ou moyens, ayant pour rôle d’empêcher les sous-marins et torpilleurs de venir détruire avec leurs torpilles automobiles les écluses du canal. En revanche, l’estuaire de l’Elbe, ou plutôt la rive gauche du chenal principal du fleuve est convenablement, — sans plus, — défendue par les ouvrages de Cüxhaven[1]. Mais les canons de Kügelbaake, de Döse, de Grimmerhorn n’auraient, bien entendu, aucun effet sur les abords immédiats du canal, qui ne sont pas dans leur champ de tir et dont ils restent à plus de 28 kilomètres.

Etant admis que l’attaque pouvait venir du Nord de la presqu’île et qu’elle serait conduite par un corps expéditionnaire suffisamment nombreux, bien organisé et flanqué des deux côtés par une force navale, les Allemands ont judicieusement choisi le point où ils devaient faire porter l’effort de leur défense. C’est sur la ligne du Danewerke qu’ils s’établiront, à 25 kilomètres, en moyenne, au Nord du canal maritime.

« L’ouvrage Danois, » qui date des siècles passés, au cours desquels il a subi de profondes modifications, fut, en 1849 et en 1864, lors des deux guerres des duchés, l’objet de l’attention des stratégistes. Les Danois comptaient y faire une longue défense contre leurs adversaires. Cet espoir fut déçu. En 1864, en particulier, notamment, outre que la petite armée danoise n’était pas encore organisée, le gel rigoureux de février vint malencontreusement donner aux troupes du prince Frédéric-Charles la faculté de franchir sans coup férir les lignes d’eau sur lesquelles s’appuient les deux ailes de la position fortifiée. En fait, la défense du Schleswig fut reportée dans la presqu’île du Sundewitt, dont le réduit était à Düppel. Cette petite place forte, à peu près improvisée, ne succomba, après un assez long siège, que le 18 avril 1864.

Retourner ce qui reste des redoutes, des fortins et blockhaus, des emplacemens de batteries et des tranchées du Danewerke, de manière à leur faire battre le nord et non plus le sud, ce sera sans doute une assez ingrate besogne, surtout en cette saison. Mais l’état-major allemand veut énergiquement ce qu’il veut et les populations du Schleswig, celles surtout du Slesvig, c’est-à-dire de la partie septentrionale et danoise du duché, peuvent s’attendre à fournir de longues et dures corvées.

  1. Voyez, pour plus de détails, mon étude sur les Progrès de la défense des cales de l’Allemagne, Revue des Deux Mondes du 1er août 1913.