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« Si l’Autriche, reconnaissant que, etc.

« Le comte de Pourtalès a promis d’appuyer cette proposition auprès de son gouvernement. »


Finalement, le 30 juillet, M. Sazonoff télégraphie à l’ambassadeur de Russie à Berlin[1]


L’ambassadeur d’Allemagne, qui vient de me quitter, m’a demandé si nous ne pouvions pas nous contenter de la promesse que l’Autriche pourrait donner, de ne pas porter] atteinte à l’intégrité du royaume de Serbie, — et indiquer à quelles conditions nous pourrions encore consentir à suspendre nos armemens. Je lui ai dicté, pour être transmise d’urgence à Berlin, la déclaration suivante : « Si l’Autriche, reconnaissant que la question austro-serbe a assumé le caractère d’une question européenne, se déclare prête à éliminer de son ultimatum les points qui portent atteinte aux droits souverains de la Serbie, la Russie s’engage à cesser ses préparatifs militaires. »

Veuillez télégraphier d’urgence quelle sera l’attitude du Gouvernement allemand en présence de cette nouvelle preuve de notre désir de faire le possible pour la solution pacifique de la question, car nous ne pouvons pas admettre que de semblables pourparlers ne servent qu’à faire gagner du temps à l’Allemagne et à l’Autriche pour leurs préparatifs militaires.


Examinons ces documens. La dépêche n° 58 du Livre Orange nous parle d’une conversation qui eut lieu, le 29, entre M. Sazonoff et l’ambassadeur d’Allemagne. La dépêche n° 97 de la publication anglaise Great Britain and the European Crisis, nous parle aussi d’une conversation entre les deux personnages, en précisant qu’elle eut lieu dans l’après-midi du 29. S’agirait-il de la même conversation ? Cela semble bien probable. Dans ce cas, il est possible, en complétant les deux dépêches l’une par l’autre, de découvrir quels furent les sujets de l’entretien. L’ambassadeur d’Allemagne assura M. Sazonoff que l’Autriche-Hongrie respecterait l’intégrité territoriale de la Serbie et que l’Allemagne était prête à garantir l’exécution de cette promesse ; mais il le prévint en même temps que, si la Russie continuait sa mobilisation contre l’Autriche, l’Allemagne aussi mobiliserait. Pour comprendre l’immense gravité de cette démarche, il faut se rappeler que l’Autriche-Hongrie et la Russie étaient les deux seules Puissances directement intéressées dans le conflit serbe ; que l’Allemagne, comme la France, l’était seulement d’une manière indirecte, en tant qu’alliée de l’Autriche-Hongrie ;

  1. Livre Orange, doc, n. 90.