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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La première question que nous nous posons tous les quinze jours, la seule peut-être qui intéresse vraiment nos lecteurs, est de savoir où en sont les opérations militaires. Le Bulletin des armées, dans son numéro du 25 novembre, y a répondu, et nous l’en remercions, par une note beaucoup plus développée que ne le sont les communiqués ordinaires dont nous devons nous contenter matin et soir : ce document donne, dès les premières lignes, une idée d’ensemble de la situation. « A l’heure, y lisons-nous, où des résultats sont nettement acquis, le moment est venu d’établir le bilan des six dernières semaines. Il peut se résumer ainsi : le formidable effort tenté par les Allemands pendant cette période, d’abord pour tourner notre gauche, ensuite pour la percer, a totalement échoué. » Après avoir indiqué dans ces quelques mots le caractère général des opérations, le document officiel entre dans le détail. Il montre les assauts de l’ennemi « répétés, précipités, frénétiques, » toujours impuissans. Pour ce qui est de nos soldats, quand il leur est arrivé de reculer sur un point, ils ont toujours mis « leur fierté » à reconquérir le terrain perdu et à le faire le jour même. Finalement, leur ligne de défense n’a fléchi sur aucun point, sur beaucoup, elle a été portée en avant et sur tous, sans exception, les projets de l’état-major allemand ont échoué. La note a donc le droit de dire de nos armées qu’ « en brisant l’offensive de l’ennemi, elles lui ont infligé la plus humiliante des déceptions. » L’Empereur était là ; il encourageait ses troupes par sa présence ; il leur assignait pour but, d’abord Calais, puis Ypres ; on a trouvé sur les morts ou sur les prisonniers des ordres qui parlaient du « coup décisif à frapper. » Il n’a pas encore été frappé ; notre front est resté inébranlable. Tout porte à croire qu’avec la ténacité qui leur est propre, les Allemands vont tenter un nouvel effort, non moins formidable que les précédens, plus même sans doute, car ils ont reçu des