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que certaines circonstances, — assez rares d’ailleurs, — conduiraient à combattre en dehors des mers territoriales et, en tout cas, les opérations de croisière ayant pour objet de détruire le commerce de l’ennemi, d’affamer sa population, de paralyser ses fabriques et ses usines.

C’est à ce dernier genre d’opérations que les Allemands semblent jusqu’ici (20 novembre) vouloir borner l’activité de leur marine, en dehors des coups de main fort audacieux qu’ils font exécuter par leurs sous-marins dans la mer du Nord et dans le Pas de Calais.

Disons donc quelques mots des croiseurs allemands qui battent les mers lointaines.

Ces bâtimens, — après la disparition presque complète et singulièrement rapide des croiseurs auxiliaires[1], — appartiennent presque tous au type dit « des villes d’Allemagne, » répété, après le Bremen (1903), à 29 exemplaires, les unités en construction comprises. Les caractéristiques des premiers de ces navires rapides étaient les suivantes : 3 300 tonnes ; 23 nœuds ; 860-880 tonnes de charbon ; 50 millimètres d’acier sur le pont principal ; 10 canons de 105 millimètres ; 2 tubes lance-torpilles sous-marins. Pour les derniers, tels que le Karlsruhe (dont on a signalé dernièrement la présence dans l’Atlantique sud), on a voulu augmenter la vitesse et le rayon d’action, ce qui s’est traduit par une sensible augmentation du déplacement. Mais en outre, et comme ces bâtimens étaient tenus pour éclaireurs d’escadre, autant que pour croiseurs du large, on leur donna une ceinture, — ceinture incomplète, du reste, — de plaques de 100 millimètres. C’est qu’il s’agissait de les opposer aux « light armoured cruisers » mis en chantiers en 1912 par l’Amirauté anglaise, et dont le premier exemplaire, l’Arethusa, s’est distingué, il y a quelques semaines, dans une des rencontres de navires-légers qui se sont produites dans la mer du Nord. Tant y a que le Breslau, par exemple, déplace 4 600 tonnes, file de

  1. On se rappellera peut-être que, dans un travail sur les croiseurs allemands, paru dans la Revue du 1er avril dernier, j’avais signalé les mesures prises par le département impérial de la marine pour que les paquebots rapides pussent être convertis en croiseurs auxiliaires dès la déclaration de guerre et même à l’étranger. Ces mesures ont été parfaitement suivies d’exécution. Mais le rôle de ces croiseurs improvisés est resté assez peu important. J’en dirai plus tard les raisons.