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Telle fut l’œuvre accomplie sous le ministère de M. Kokovtzoff. Son successeur, M. Bark, a eu le singulier courage, en pleine crise, de se priver d’une des recettes principales de son budget, parce qu’un intérêt supérieur lui commandait de prendre cette mesure hardie. Le budget de 1915, qui est en préparation, ne prévoit, pour les recettes de l’alcool, qu’un chiffre inférieur à 200 millions, c’est-à-dire le cinquième des estimations de l’année dernière. La différence serait demandée en partie à des monopoles nouveaux : allumettes, naphte, sel, tabac. Le ministre donne ainsi la meilleure preuve que la réforme est irrévocablement décidée et qu’elle sera exécutée. Il sera récompensé par les plus-values que lui apporteront les autres chapitres. Il pourra, sans craindre de surcharger les contribuables, leur imposer des taxes nouvelles, qui représenteront en partie ce qu’ils dépensaient en alcool. Une fois de plus le gouvernement russe aura su prendre, à l’heure décisive, l’initiative d’une mesure de salut public. S’il la maintient après la guerre, les conséquences bienfaisantes s’en étendront au-delà de la génération actuelle et hâteront le développement d’un empire, dont la puissance apparaît maintenant aux yeux du monde entier.


RAPHAËL-GEORGES LEVY.