Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 24.djvu/481

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

200 francs, accordée au mobilisé au moment où il est engagé au titre algérien, une solde journalière de 25 centimes, une allocation de 75 centimes à sa femme, qui s’augmente de 25, s’il est envoyé en France, et qui est alors payée par le gouvernement de la métropole, tel est le traitement que lui assurait la mobilisation à lui et aux siens. C’en était assez pour la rendre populaire, ne l’eût-elle pas été déjà grâce au prestige dont jouit le drapeau français parmi les indigènes et au sentiment qui les porte à considérer comme un honneur de servir sous ce drapeau. On peut donc dire qu’entre le gouvernement du Protectorat et les populations, il y eut satisfaction réciproque.

Il importe peu maintenant qu’elle ait paru un moment devoir être troublée par les retards involontaires qui se sont produits au début dans l’application des mesures qui viennent d’être exposées. Des mobilisés se plaignaient de ce que leur famille n’avait pas touché l’allocation promise. C’était vrai, et on a pu constater qu’en quelques cas, d’ailleurs assez rares, les promesses gouvernementales n’avaient pas été suivies d’effet dans les délais où elles auraient dû l’être. On a accusé d’abord la vénalité de certains caïds qui se seraient adjugé les allocations qu’ils étaient tenus de distribuer. Mais tout autre est la vérité, et les fonctionnaires indigènes méritent d’autant moins d’être accusés que ce n’est pas eux qui étaient chargés des distributions. Ce soin avait été confié aux agens des finances français, auprès desquels la femme arabe, empêchée par les mœurs et les usages d’entrer en relations directes avec eux, devait être représentée, en l’absence de son mari, par un mandataire désigné par lui. Or, le départ des premiers mobilisés avait été si rapide qu’ils n’eurent pas le temps pour la plupart de désigner ce mandataire, d’où un grand embarras pour nos agens des finances, qui durant quelques jours ignorèrent à qui les allocations étaient légitimement dues et ensuite par quelles mains ils pouvaient les faire parvenir aux ayans droit. On a dit aussi qu’en certain cas, le mandataire désigné par le mari, lequel est ordinairement un membre de sa famille, n’avait pas rempli loyalement le mandat qu’il avait reçu et n’avait versé à la femme qu’une partie de la somme qu’il devait lui remettre.

C’est là, on le reconnaîtra, de bien menus incidens auxquels il était aisé de remédier. Il y a été, en effet, mis fin en peu de temps. Si j’y fais allusion, c’est qu’ils donnèrent lieu, lorsque