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de remporter en Galicie et qui est, disait-il, incontestablement le plus grand succès russe depuis le commencement de la guerre. Et le grand-duc ajoute : « J’ai pleine confiance dans le rapide et entier accomplissement de notre tâche commune et je suis convaincu qu’une victoire décisive sera remportée par les armées alliées. » Bientôt, dit l’un ; rapidement, dit l’autre : mots précieux pour nous et qui résonnent d’une manière encourageante à nos oreilles. Dieu veuille que ces espérances soient réalisées ! Toutefois, s’il faut que nous ayons encore de la patience, nous en aurons autant qu’il faudra jusqu’au « succès final » et à la « bataille décisive. » Le succès sera dû à la collaboration étroite, intime des armées alliées qui, à une si grande distance l’une de l’autre, travaillent à la même œuvre, chacune avec ses qualités propres, toutes deux dans un même esprit et avec un même cœur. Avons-nous besoin de dire la joie que nous a causée la victoire du grand-duc Nicolas ? C’est, en effet, une grande victoire ; elle rend l’armée russe à peu près maîtresse de la Galicie. Les premiers succès de cette armée avaient été déjà très remarquables et leur rapidité avait paru foudroyante, mais ils avaient été remportés sur l’armée autrichienne seule, et on se demandait ce qu’il en adviendrait lorsque l’armée allemande, accourue au secours de son allié, lui aurait apporté ses méthodes de combat et des forces numériques importantes. Et en effet, l’offensive russe a été un moment arrêtée, suspendue ; mais elle a repris bientôt son élan et les armées austro-allemandes ont été refoulées. La bataille d’Augustow avait déjà dégagé le territoire russe de l’invasion allemande ; la nouvelle bataille a dégagé la Galicie et ouvert la route de Cracovie. Sans doute il reste encore beaucoup à faire aussi bien d’un côté de l’Europe que de l’autre, mais on peut dire sans fausse modestie que les affaires des armées alliées sont en bonne voie, ou plutôt on peut le répéter avec confiance, puisque les généraux français et russes le disent eux-mêmes et qu’ils ont toujours respecté la vérité.

Nous avons enfin le témoignage de M. le Président de la République qui, pour la seconde fois, est allé visiter nos armées et leur exprimer la reconnaissance du pays. Étant entré sur le territoire belge, il a tenu à cœur d’aller saluer le Roi et la Reine des Belges, si dignes l’un et l’autre de la plus respectueuse sympathie. La Belgique est justement fière de son Roi, et il y a quelque chose de touchant dans la résolution qu’a prise la Reine de ne pas se séparer de son mari et de le suivre dans les camps, au milieu des hasards de la guerre. M. Poincaré a pu leur faire part des sentimens de la France entière, qui sait